D'autres questions que "Que faites vous ?" pour les MJs 43
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Hier j'ai écouté une des vidéos de "Coup Criptyque" sur You Tube (que je vous conseille chaudement, en particulier pour ses vidéos "théorie rôliste").
Dans sa dernière vidéo, il propose, aprés une description banale, de changer la question "que faites vous?" par "Qu'êtes vous en train de faire ?"
Ca a fait pop dans ma tête.
Pourquoi je me limite souvent à cette questions alors que plein d'autres pourraient amener du jeu hyper interessant ?
J'y ai un peu réfléchi et voici le fruit de mes réflexions aprés une 'tite balade sous la neige:
Aprés la description d'un lieu:
Qui connais-tu ici ? Pourquoi refuserait-il/elle de t'aider ?
Pour lier les PJs:
Si vous avez 4 PJs A, B, C D, vous posez une question à AB, puis une autre à BC, puis à CD et DA.
Quel ami / ennemi / lieu / lien familial / autre... avez-vous en commun ?
Pour poser une ambiance:
Que ressens-tu ?
Pourquoi es-tu apeuré/joyeux/triste/etc. ?
Comment cela se traduit-il ? Comment les autres peuvent s'en rendre compte ?
Pour découvrir les PJs:
Quel mauvais souvenir cela te rapelle-t-il ?
Pour motiver les PJs:
Pourquoi acceptes tu cette mission ?
Qu'est ce qui te pousse à tout faire pour la réussir alors qu'à priori ça ne devrait pas t'interesser ?
Pour initier une réflexion / Ouvrir des portes:
Proposer deux options possibles puis conclure par "ou autre chose" (exemple: Vous rentrez discrètement, vous défoncez la porte en hurlant ou vous faites autre chose ?
Avant d'amener un élément déclencheur (et découvrir les PJs)
Qu'êtes vous en train de faire ?
Quelle est ta routine (le matin, le midi, le soir, en voyage, en rentrant chez toi, après le boulot...etc.) ?
Aprés une courte description (d'un lieu ou d'un PNJ)
De quelles informations as-tu besoin ?
Voilà voilà ! Si vous avez d'autres idées je suis preneur !
PS: Je n'ai pas parlé des "questions provocantes" (voir Lapin marteau et sa collection "sortir de l'auberge). Jérôme Larré en utilise une trés sympa dans l'Actual Play Monsterheart:
MJ: - Machin, que ne ferais tu jamais à Bidule ?
Machin: - Je ne le frapperais jamais !
MJ: - OK, alors pourquoi es-tu en train de le faire ?
En fait, la plupart de ces questions sont conseillées dans les JDR narrativistes que j'ai lu. Dans ce cas de figure : on pose des questions en tant que MJ pour que les PJ construisent (ou co-construisent avec nous) l'histoire toute entière.
Les habitudes sur des jeux plus anciens avec des mécanismes plus classiques sont toutes autres. La question "que faites-vous ?" est liée au jeux de rôles qui prévoient que le MJ apporte l'histoire et que les PJ apportent surtout, voir uniquement, leur interprétation du personnage, c'est à dire le "roleplay" et ses choix d'actions. Certains PJ ont tellement l'habitude de jouer avec ce type de "contrat" autour de la table, qu'ils n'osent pas apporter des éléments "pas prévus", c'est à dire qui sortent des capacités ou des éléments qu'ils ont par exemple "inscrits sur leur feuille" ou "payés avec des XP" (selon les jeux).
Mais ça va plus loin que ça, dans mon expérience de MJ, j'ai rencontré des PJ qui ont tout simplement refusé de répondre à ce genre de questions. "A quoi ressemble votre QG de super-héros ?", et j'obtient la réponse "c'est à toit de nous le dire, tu es le MJ." Alors il est toujours possible de contourner un peu, par exemple dans ce cas que je présente, on peut reformuler en "Qu'avez vous souhaitez ou demandé quand vous avez commandé sa construction", et s'appuyer sur un petit système de dépense de points ou d'argent pour obtenir que les PJ choisissent ces éléments quand même et ainsi revenir dans la zone de confort du "les PJ ont fait une action et le MJ a décidé du résultat en s'aidant des règles de jeu". Mais c'est uniquement parce que j'ai pris un exemple "simpliste". Il y a des PJ qui ne souhaitent pas improviser des choses sur leurs personnages et veulent "consommer" l'histoire qu'à préparée le MJ.
Je le signale ici pour deux raisons :
- Pour indiquer que beaucoup de questions alternatives peuvent être trouvées dans des ouvrages narrativistes, même si vous n'êtes pas amateur de ce genre de jeu. Plein de réponses donc au sujet principal de ce fil dans D.I.E. ou City of Mist par exemple.
- Pour inciter les MJ, avant qu'ils ne s'aventurent sur ce terrain, de discuter avec les PJ pour savoir si ça les intéresse ou pas d'aller vers ce genre de choses.
Bon, si votre table est déjà remplie de PJ qui ont plein d'idées, et vous demande sans arrêt "je connais quelqu'un dans ce quartier ?" évidemment enchainer sur le "je ne sais pas, si tu connais quelqu'un, il ressemble à quoi ?" ça se tente.
Dans certains cas j'ai même eu des difficultés à obtenir une réponse claire, de tous les participants, à des questions simples comme "Nous sommes un beau matin de mai, décrivez moi ce que font vos personnages, essayez d'introduire une petite scène de sa vie de tous les jours, comme vous voulez, juste pour m'indiquer où vous êtes mais c'est l'occasion aussi de passer un message sur la personnalité de votre héros". J'ai eu des tirades presque trop longues d'un côté, et des "euh... je sais pas... je prends surement mon petit dejeuner..." de l'autre.
Une question sur "quel ami avez vous en commun ?" (ou ennemi, ou autre) peut aussi conduire à avoir des PJ qui "discutent du jeu" pendant un long moment, plutôt que de jouer réellement. Certaines questions pour être efficaces, doivent rester "fermées".
En revanche, des questions comme "Que ressens tu ?" sont rarement posées, et sont très intéressantes à mon avis. Trop souvent, je vois des PJ qui jouent mécaniquement, ou ne se sont pas posé la question des différences entre leur ressenti à eux, participant de JDR, et le ressenti de leur personnage, surtout s'il est très éloigné d'eux. Je pense qu'avoir quelques questions en réserve pour les inciter à exprimmer non seulement ce qu'ils font, mais aussi ce qu'ils ressentent, non seulement ce qu'ils disent mais aussi quelles étaient leurs intentions cachées derrière ces mots, permet à tous les autres partcipants et participantes, y compris le MJ, de mieux comprendre un personnage, et donc, d'en apprécier l'histoire encore plus.
Sur le que "ressens-tu", une variante intéressante que j'ai découvert grâce à un mj du forum qui m'avait fait essayer FATE : terminer une description par un tour de table avec un sens différent pour chaque joueur.
Exemple : Vous arrivez à la station de métro.
Jim, que sens-tu ?
Joe, qu'entends-tu ?
Jack, qu'est-ce tu ressens physiquement, par ex sous tes doigts ?
Honnêtement ça marche très bien. En plus, ça immerge le joueur dans la scène. Même le goût peut être abordé selon les scènes.
Sinon, nous jouons en traditionnel, mais mes joueurs intègrent de plus en plus ce côté participation à la narration. J'ai été (agréablement) surpris qu'ils fassent eux-mêmes le plan du dernier village où le jeu nous a emmené. Suivi d'un : " ça te va comme ça ?" Ravi
- Helios
"Que faites vous" est juste un code oral pour dire que tu as fini ta description et qu'ils peuvent reprendre la parole, un élément phatique spécifique au jdr.
Après, on peut varier ponctuellement pour ajouter un élément. J'ai la variante "comment réagissez vous" leur signifier que j'attends une réponse rapide pour un réflexe du personnage.
@jtrthehobbit, effectivement, avec des joueurses old school, prendre un peu le pas sur le MJ est presque sacrilège ! J'ai aussi, avec quelques anciens joueurs, ce problème dans le sens où ils n'osent pas proposer des éléments que le MJ n'a pas lui même amené (et si toi joueur tu le fais avec un MJ qui n'accepte pas ça, tu peux te faire vite rabrouer !)
Dans la série de questions que j'ai proposé, certaines tiennent effectivement d'une forme de "narration partagée".
Pour ce qui est des questions "pour lier les PJs", elles sont à utiliser en session zéro, à la création des personnages.
@Sammy interessant cette façon de faire !!
@Le Decharne, oui, la question de base est un code mais je pense quand même que la modifier peut changer pas mal de choses ! En tout cas je vais tester ça dés demain !
- Le Decharne
Bon sang ! En écrivant je me suis vaguement souvenu m'être déjà fait la réflexion sur les questions et être tombé sur une aide de jeux. J'ai du farfouiller un peu dans mes fichiers et je l'ai retrouvé. A l'époque je ne devais être qu'au balbutiement de mes réflexions sur la théorie rôliste et ne l'ai donc pas utilisé (et même carrément oublié...).
C'est un PDF sous forme de marque-page. les auteurices n'y sont pas mentionnées, j'ignore donc à qui cela appartient. Si jamais quelqu'un sait, je serais heureux de les créditer pour ce travail ! (la seul mention sur le marque-page c'est "Fed by EMOTION")
Actions et Réactions
Quelle est votre réaction ?
Quel est votre plan ? Avez-vous un plan B ?
Comment expliqueriez-vous ce qui vient de se passer ?
Comment aidez-vous ce PNJ ou un joueur à réussir son action ?
Avez-vous des conseils à donner aux joueurs ou aux PNJ ?
Sentiments et Emotions
Que ressentez-vous ?
Que peut-on lire sur votre visage ?
Quel sentiment ou réaction essayez-vous de cacher ou de montrer ?
Que représente ce lieu, ce PNJ, cet objet pour vous ?
Quelles émotions ce lieu, ce PNJ, cet objet vous inspire ?
Qu'est-ce qui vous rendrait heureux ou triste actuellement ?
Quelque chose vous fait-il penser à votre passé ?
Désirs et Pulsions
Quel sentiment cela éveille en vous ?
Que souhaitez-vous pour la suite des événements ou pour ce PNJ ?
Que désirez-vous vraiment dire ou faire ?
Que vous abstenez-vous de dire ou de faire?
Que feriez-vous si vous en aviez le pouvoir ?
Qu'est-ce qui vous empêche d'agir comme vous le souhaitez ?
Qu'est-ce qui vous ferait le plus grand bien actuellement ?
Qu'est-ce qui vous fait envie ?
Pensées et Réflexions
Que pensez-vous des actions de ce PNJ ou des événements ?
Que pensez-vous de ce PNJ ? De ce lieu ?-
Comment imaginez-vous la suite des événements ?
D'après vous qu'à prévu de faire le PNJ ?
A qui ou à quoi pensez vous ?
Sur qui ou sur quoi est fixé votre attention ?
Qu'est-ce qui vous interpelle et suscite votre intérêt ?
Rajoutez "Comment" et "Pourquoi" aux questions si besoin.
Après la réussite ou l’échec d’une action, pourquoi ne pas laisser les joueurs décrire plus en détails comment leur personnage a vécu ce moment ?
Une deuxième liste de questions à poser à vos joueurs après le résultat d’une action :
Qu'est-ce qui a pu impacter le résultat de votre action ?
Êtes-vous satisfait ?
Auriez-vous pu faire mieux ?
Comment vous sentez-vous ?
Quelles émotions vous traversent ?
Auriez vous fait les choses différemment ? A quoi ou à qui pensez vous ?
Que vous dites-vous à vous même ?
Y-a-t-il des leçons à tirer pour vous de cette action ?
Qu'est-ce qui vous a encouragé ? Ou découragé ?
Que pensent les autres de ce résultat ?
Alternez les "tu" et les "vous" selon les situations.
Il n'est pas nécessaire de poser toute lesquestions avant et après chaque actiondes joueurs. Choisissez celles qui vous
semblent les plus pertinentes selon la situation pour pousser les joueurs à davantage impliquer leurs personnages dans l'histoire.
J'ai aussi une stratégie qui consiste à placer le joueur ou la joueuse dans une situation où il ou elle est le "MJ" de son personnage. On sait tous qu'en tant que MJ, on va toujours décrire ce que fait un PNJ en plus de ce qu'il dit. On ne va pas employer le "je" car ce serait confusant, on va employer le nom du personnage. Il dira par exemple "Ricardo vous regarde en ricannant et déclare : vous êtes faits comme des rats ! vous êtes tombés dans mon piège". Là où un PJ va surement utiliser le "je" plus systématiquement, mais du coup, il va omettre des choses. Le PJ va dire "je me recoiffe un peu après avoir reçu le coup de l'adversaire." pour le narguer et signifier qu'il n'a pris aucun dommage. Alors que le MJ va dire "Ricardo remet en place ses longs cheveux bruns après avoir reçu le coup, sans dommage." ce qui lui a permis d'ajouter des détails descriptifs qu'il n'aurait peut-être pas pensé à mettre s'il avait utilisé "je".
Je sais que certains MJ vont me dire "oui, mais si j'encourage les PJ à ne pas employer le je, et à décrire leurs personnage de façon exterieure, ils vont perdre en immersion". Peut-être, mais mettre un peu de distance entre les personnes et les personnages permet des tas de choses qui valent le coup : une facilité à jouer quelque chose qui n'est pas "soi-même" (utile quand on a du mal à ne pas jouer toujours la même chose, et trop proche de soi) une dissociation qui permet souvent une meilleure sécurité émotionnelle, et pour tous les PJ qui sont aussi MJ à d'autres tables, ça peut clairement déclencher spontanément des réflexes d'ajouts d'éléments narratifs supplémentaires. Bref, ça se discute vraiment, et tant qu'on est à parler des façons alternatives d'approcher le JDR, c'en est une qui est sympa. Il suffit de demander "que fait ricardo ?" plutôt que "que fais tu ?" et faire attention de s'adresser au joueur quand c'est nécessaire "Adrien, lance le d20 pour l'attaque de Ricardo."
Ensuite quand finalement on "responsabilise" le PJ en lui disant qu'il est "le maître de son personnage", cela prend un tout autre sens. Evidemment, ce n'est pas une solution miracle, juste une alternative amusante. On peut d'ailleurs alterner entre les "je" et le "il/elle" sans que cela soit fondamentalement gênant. Implicitement, tout le monde sait autour de la table qu'une dispute entre deux personnages, ce n'est pas la même chose qu'une dispute entre deux joueurs. Pourtant, même sur les parties où tout le monde emploie le "je", dès que deux PJ ne sont pas d'accords, je commence immédiatement à poser mes questions sous la forme "il" plutôt que "tu". "Que ressent-il/elle ?" et "Que fais ricardo", ça change tout de suite de "que fais tu" et ça rappelle qu'on est sur un conflit de personnages fictifs, dans un monde imaginaire, joué par deux participant(e)s de JDR parfaitement réels, et fair-plays, qui s'amusent à les faire se disputer. Rien de personnel donc.
Tu peux tester. Je suis curieux d'un retour sur 2 points :
quel effort ou quelle ressource mentale mobilises tu pour changer ta question ?
Tes joueurs reprennent la parole aussi vite ? La dynamique de la discussion a plus de blanc ?
- Teomme
@le Decharne: Je fais jouer plusieurs parties lors des deux prochaines semaines. je vais essayer d'utiliser un peu tout ça et je fais un retour . Je pense que je n'ai pas trop utilisé le marque-page et ses questions car à l'époque ça me demandait justement des ressources mentales dont je ne disposais pas du fait de ma façon de préparer mes parties mais aussi par rapport au profil de mes joueurs. Aujourd'hui je suis bien plus efficace dans mes préparations et j'ai beaucoup moins peur d'improviser, du coup j'ai le temps de penser à tout ça, et mon groupe actuel sera réceptif à des questions comme "que ressens-tu ?". J'ai particulièrement envie d'utiliser cette question à Alien !
@ jtrthehobbit : Ca fait partie un peu d'une certaine vision du roleplay qui voudrait qu'on "joue" le personnage de façon théâtrale alors que décrire ce que fait son PJ est super interessant et comme tu le dis pour " faciliter à jouer quelque chose qui n'est pas "soi-même"". Je vais encore faire la pub de "La table des coups cryptique" sur You Tube qui fait une vidéo super interessante sur le RP et ou il parle justement de ça !!
PS: A la personne qui claque des pouces en bas à chaque post, peut-être que tu pourrais utiliser ton clavier pour argumenter...
J'ai joué hier !
Monde med fan ou les elfes sont en voie de disparition et parqués dans des réserves par les humains. Une troupe orque propose aux PJs (elfes) de fuir leur réserve et de les aider à piller une ancienne citadelle elfe pleine de pièges en échange d'une information sur la localisation d'une elfe fertile (dans la réserve, la natalité est un problème, les enfants sont mort-nés.)
J'ai utiliseé les questions "Que ressentez-vous?", "Quelle est votre routine?" et le "Comment réagissez-vous?" de @Le Decharne.
Mes joueurs ont été réceptifs et ça a bien fonctionné !
Le "Que ressentez-vous ?" permet de donner la parole au PJs même quand ils n'ont "rien à faire", aprés une description ou avant de poser un problème.
Exemple hier:
Les deux Elfes sont sur le point de fuir la réserve: "Que ressentez-vous".
Et aussi juste aprés avoir tué un des geoliers (posée au guerrier qui est enfermé depuis 100 ans et n'a plus combattu depuis). Que ressens-tu ?
Lorsqu'ils aperçoivent la Citadelle Elfe millenaire. "Que ressentez-vous ?"
Ca a permis des échanges là ou d'habitude seul certains joueurs prennent l'initiative de s'exprimer. Je trouve aussi que ça a mis les joueurs dans un mood particulier de devoir "exprimer une émotion".
Le "Quelle est votre routine ?" , je l'ai utilisé pendant la phase de voyage. Je ne souhaitais pas jouer le voyage mais pas non plus l'élipser avec un simple "dix jours plus tard." Donc j'ai posé la question puis j'ai ainsi expliqué comment les orques réagissez à ça, ce qui a poussé les PJs à ajuster leurs actions en fonction et donc réaction des orques etc.
Le voyage a donc pris du corps en devenant un dialogue MJ-PJs plutôt qu'un simple monologue du MJ.
J'ai aussi utilisé plusieurs fois le "Comment réagissez-vous ?" qui a cet avantage par rapport à "Que faites vous ?" de donner la possibilité de réagir de façon "physique" OU "émotionnelle".
Exemple (encore hier): Les Orques achèvent les prisonniers. "Comment réagissez-vous ?" Pj 1: "Je cherche à m'interposer." PJ2: "je serre les dents, dégouté de voir ça mais conscient que c'est nécessaire dans cette situation."
Avec la question "Que faites vous ?", le PJ 2 aurait pu se contenter d'un "rien", vu que son personnage n'agit pas.
Bref, avoir ces questions en tête m'a permis des petits moves sympas et qui ont bien contribué à l'ambiance de la partie !
Je fais jouer le final d'Alien Colonial Marines la semaine prochaine, je vais voir ce que ça donne de poser les questions "Que ressens-tu ? Comment les autres peuvent s'en rendre compte ?" aprés un texte de panique "réussi" ("Vous tenez le coup, vous arrivez à controler vos nerfs. Tout juste...")
Sujet très intéressant car touchant au cœur du jeu de rôle, qui n'est rien d'autre finalement qu'une conversation.
Je m'étonne de ne lire de la plupart des intervenants que des propositions de questions destinées à un "tu" ou à des "vous", car selon moi, les véritables questions concernent le ou les personnages. Si je demande à un joueur : "Que fais-tu ?", il me répondra qu'il gribouille sur le bord de sa feuille de personnage, qu'il joue avec son dé ou qu'il cherche la dernière chips du paquet.
Exemples :
"Que ferait ton personnage dans cette situation ?"
"Que pourrait ressentir ton personnage (...) ?"
"Ton personnage" se remplace aisément en partie par le nom du personnage concerné.
Notez l'importance de l'emploi du conditionnel. Celui-ci permet une mise en situation et en conscience du joueur dans la peau de son personnage en lui disant : "Si tu étais ce personnage à ce moment, que ferais-tu ou que ressentirais-tu ?" Ce qu'on pourrait appeler de l'irréel du présent qui se réalise dans la fiction. L'usage du conditionnel offre alors un point d'ancrage dans la fiction, et ce point d'ancrage, c'est le personnage que le joueur incarne, dont il joue le rôle.
"Que fait ton personnage ?" La réponse sera purement descriptive, informative : "Mon personnage fait ci/Je fais ça."
"Que ferait ton personnage ?" La réponse exige du joueur qu'il réfléchisse en se mettant dans la tête de son personnage : "Eh bien, si j'étais mon personnage à ce moment-là, je ferais certainement ça, ou ça, parce que ça." Elle est alors plus élaborée. On remarque au passage qu'il devient impossible de s'adresser à un tu ou à un vous (Que ferais-tu ? Que feriez-vous ?) sans briser complètement le roleplay et l'immersion dans la fiction.
Quand on pose la question "Que fais-tu ?", le joueur répond souvent ce que lui ferait ou voudrait faire, indépendamment de la personnalité et du caractère de son personnage, et parfois de manière automatique ou impulsive. Quand on pose la question "Que ferait ton personnage ?", le joueur se met dans la peau de son personnage pour répondre et la réponse est alors bien plus souvent ce que ferait en effet le personnage, et on notera alors que ce peut être très différent de ce qu'aurait répondu le joueur si on lui avait posé la première question à la place.
Il n'y a alors aucune "perte en immersion", comme cela a pu être évoqué par @jtrthehobbit, bien au contraire, l'emploi du conditionnel et l'apparente mise à distance qu'il induirait incitent le joueur à se mettre dans la peau de son personnage.* Parfois, il ne s'agit pas de trouver d'autres questions, mais plutôt d'autres formulations. Néanmoins, dans le feu de l'action, au cours d'une partie, je ne réfléchis jamais assez aux autres formulations... Donc tout ceci est très théorique et ne vaut pas grand chose, mais qui sait, peut-être sera-ce une de mes résolutions de 2024 (oui, j'en prends encore en février, et tout au long de l'année).
*J'en profite pour glisser une comparaison hasardeuse avec le jeu vidéo. En la matière, on considère souvent le choix d'une vue à la première personne comme étant plus immersif (d'où par exemple le genre de l'immersive sim qui adopte entre autres éléments cette vue subjective) que celui d'une vue à la troisième personne. Pour ma part, je me suis toujours senti bien plus immergé dans des jeux à la troisième personne (Assassin's Creed, Mass Effect, The Witcher 3, Read Dead Redemption 2, GreedFall...) que dans des jeux à la première personne (Far Cry, Dishonored, Prey, Deus Ex, Cyberpunk 2077...), j'ai aussi plus de souvenirs des premiers que des seconds. Sans doute aussi du fait d'autres raisons que la caméra.
oui, meme en faisant le questionnement differement, je constate que ca perturbe les joueurs ^^
pas mechament, mais ils sont surpris et prennent plus de temps pour repondre
j aime aussi faire de la creation partagee quand je suis mj et je constate que beaucoup de joueurs sont plus dans "le mj amene tout et on reagi"
alors quand j arrive a placer ce genre de creation je trouve que les joueurs sont plus impliques par la suite (et qu ils se souviennent des elements mis en place)
merci car grace a ce sujet je vais tenter de me faire une petite liste de questions pertinentes ^^
C'est une super idée ça,toute simple, facile à mettre en place, je vais tester avec ma table de warhammer dans 15 jours !
"Que ferait ton personnage dans cette situation ?""Que pourrait ressentir ton personnage (...) ?"
C'est déjà ce que font les joueurs, non ? Jouer un personnage c'est imaginer ce qu'il ferait dans la situation décrite par le MJ (ou par la table).
Jouer un PJ consiste à répondre à : "Si j'étais lui, que ferais-je ?" En tous les cas, c'est comme ça que je joue.
Donc l'usage du conditionnel me semble de trop. Pour ma part, ça casserait l'immersion. Car pour les autres joueurs (MJ inclus), l'important c'est ce que fera le PJ, ce n'est pas ce qu'il pourrait faire.
"Que ressent-il/elle ?" c'est mieux. On cible le PJ, ça crée une distanciation et le joueur peut imaginer le PJ au lieu de se jouer comme s'il était à la place du PJ.
- Ismaren
Je m'étonne de ne lire de la plupart des intervenants que des propositions de questions destinées à un "tu" ou à des "vous", car selon moi, les véritables questions concernent le ou les personnages. Si je demande à un joueur : "Que fais-tu ?", il me répondra qu'il gribouille sur le bord de sa feuille de personnage, qu'il joue avec son dé ou qu'il cherche la dernière chips du paquet.
Je suis prêt à mettre ma main à couper que personne n'a jamais répondu ça dans toute l'histoire du jeu de rôle depuis 1974.
- ukko
Je comprends ce point de vue, mais je ne l'adopte pas. Pour moi, le présent simple a toujours nourri une certaine passivité chez mes joueurs, là où le conditionnel les pousse à réfléchir à qui est leur personnage, comment il agit, pourquoi, etc. C'est ce que je tente d'expliquer dans le reste de mon précédent message. Adresser la question au personnage crée une distanciation, qui n'est pas forcément souhaitable par tout le monde et que l'emploi du conditionnel réduirait ou compenserait. Le conditionnel, c'est le lieu du compromis (la différence entre je veux/je voudrais par exemple), ici entre le joueur et son personnage, entre distanciation et incarnation.
Je ne pense pas que l'un soit mieux que l'autre, seulement que l'on obtient des réponses différentes, sans changer fondamentalement la question, seulement la formulation.
(Édit) Et que le conditionnel accepte différentes modalités qui se répercutent sur la diversité des réponses possibles du côté du joueur : "Que ferait ton personnage ?" peut signifier "Que voudrait/aimerait/pourrait/... faire ton personnage ?"
@James To : eh bien, tu prends peu de risques, puisque tu n'as que deux mains à perdre, mais tu perdrais les deux. Les blagues, ça fuse autour d'une table de jeu de rôle, et ce genre de réponses au premier degré en font partie.
Pari dangereux James ! Pas de table de jeux sans son petit comique de service. Et personnellement, j'aimerais autant que tu gardes ta main pour continuer à nous concocter les petites merveilles que tu nous ponds régulièrement.
Qu'entends-tu par style direct ? "[Insérer nom du personnage] reste en retrait pour observer la situation." Il n'y a rien d'indirect là-dedans. Et ce n'est pas moins spontané a priori que répondre : "Je reste en retrait pour observer la situation." Seul le sujet grammatical change.
Pour ce qui est du discours rapporté, ou plutôt énoncé ici, direct ou indirect, posez la question avec un "tu" n'empêche pas le joueur de répondre au discours indirect : "Je (le joueur) dis que le comte ne sera pas d'accord si on fait ça et qu'on risque d'avoir des ennuis."
Et inversement avec un "ton personnage", le joueur peut répondre au discours direct : "Le comte ne sera pas d'accord si on fait ça et on risque d'avoir des ennuis."
C'est une affaire de sensibilité et de personnalité, chaque joueur est réceptif à différentes approches. Pour ma part, j'ai deux amis qui agissent presque exclusivement en répondant par eux-mêmes à ces questions : "Que ferait mon personnage dans cette situation ? Qu'aimerait faire mon personnage ?" (du conditionnel), tandis que le reste de la table est dans l'action immédiate, ce que tu appelles peut-être style direct, je ne sais pas, ou dans l'expectative. Pour celui en particulier qui est dans l'action immédiate, je dirais qu'il est celui qui par excellence se joue lui-même, mais n'incarne pas son personnage, en fait dont le roleplay, pourrait-on penser, est le moins développé, bien qu'il soit très spontané. Il joue ainsi de la même manière tous ses personnages, qui finissent inévitablement par avoir les mêmes trajectoire et fin.
- Le Decharne
Style de discours, oui.
Alors dire tu n'implique pas la réponse soit au style direct, en effet mais ça favorise.
Sur le principe, rien n'empêche de répondre au style direct après une question "ton personnage " mais l'expérience montre que cela est beaucoup plus rare une réponse au style direct.
- Ismaren