Syndrôme de Paris inversé ? 7
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Bonjour,
j'ai envie de me lancer dans l'aventure Shadowrun et d'y initier ma table (virtuelle la plupart du temps). J'aime l'idée de jouer à Paris. Connaître ses quartiers, ses ruelles sombres, ses grandes avenues et ses bars glauques, me semble un gros plus pour l'immersion. Malheureusement j'ai de grosses réticences avec la proposition de Neo-révolution (je débarque à shadowrun et je n'ai pas encore investi dans la france des ombres) :
Autant l'idée d'un état plus présent qu'aux US me plaît bien, autant la ville transformée en musée à ciel ouvert avec les épiciers de barbès qui caricaturent des accents "exotiques" pour donner aux touristes une expérience Amélie Poulain plus vraies que nature... ça me refroidi direct. J'aimerais des soirs de match au Parc des Princes, des dealers de matos informatique à Montgallet, des bars anars à Menilmontant, des crackés à Stalingrad, et pourquoi pas même une bonne manifie (bien orchestrée par la Neo-PD, à la limite, pourquoi pas). Pareil, c'est ok pour des soirées étudiantes bcbg qui se dévergondent et tournent mal avenue de Breteuil, mais de là à donner une telle importance à feu la noblesse... je marche pas trop non plus. Je crois que je suis en plein syndrôme de Paris inversé. Ce syndrôme psychopatho pris en charge par l'ambassade du japon lorsque leurs touristes ressortissants réalisent que Paris n'a rien d'un conte de fée. J'ai l'impression de vivre l'effet inverse : le Paris de la néo-révolution ressemble trop aux brochures d'agences de voyages à mon goût.
Bref, j'ai conscience que c'est probablement le but, de donner à Paris cette façade polissée pour y cacher des intrigues qui vont détourner l'image de la ville lumière de l'intérieur. De ce point de vue c'est même certainement un parti-pris abouti d'avoir piocher dans l'imaginaire collectif touristique. D'ailleurs c'est du beau travail, je tiens à le dire, je me suis régalé à le lire et ça m'a donné envie de jouer!
Mais voilà, pour un parisien qui va faire jouer des parisiens, ça manque un peu de piment. Ma question donc : est-ce qu'il y a eu d'autres propositions, aides de jeux, sujets de forums, qui ont décrit un Paris alternatif à celui-là ? Je débute à Shadowrun (je vais partir sur Anarchy) et je commence juste à me familiariser avec les complexités de son univers, du coup je suis preneur de toutes les aides possibles pour m'immerger.
Quelques questions annexes pour comprendre comment tourne la société en 2080 :
Comment se passe le travail métahumain, est-ce que la plupart des tâches est robotisée ? Entraînant un chômage massif ? J'imagine que les corpos exploitent les travailleurs autant que possible mais comment ? Ou bien un salaire universel et des métahumains essentiellement consomateurs ?
La démographie et les flux migratoires ? Bébés éprouvettes de bout en bout ? Contrôle des naissances ? Frontex s'est affublé de méchantes scies circulaires ? On a massivement recourt à de la main d'oeuvre étrangère ?
Les transports ? individuels ? en commun ? il reste des pistes cyclables ?
Je vais m'amuser à imaginer tout ces aspects socio-culturels avec mes joueurs mais pour éviter trop d'incohérences, je suis preneur de tout bon conseil.
Merci beaucoup !
Alors, malheureusement, une partie de ce que tu demandes sur Paris est dans un supplément encore à paraître (en anglais).... J'y ai en effet développé le Paris "crade", où j'évoque les enclaves dans la Zone, Créteil le paradis des puces BTL etc...
Cela dit, tu peux développer ton propre Paris crades à partir de ce qui est dit dans Néo-Révolution. En fait, il faut lire entre les lignes et comprendre que ce que j'ai décrit comme "la Zone", c'est un endroit où l'on peut recycler tout ce que l'on mettrait dans les barrens ailleurs (et c'est pour ça aussi que c'est peu développé, j'ai privilégié le Paris-musée, car ct plus unique / spécifique, par rapport, au reste du cadre).
Bref, tu peux simplement utiliser des bouts de Seattle ou d'autres villes et les transférer/adapter à Paris. (ex: Saint-Denis est un peu l'équivalent de Touristville à Redmond).
N'oublies pas non plus le côté oppressant, évoquant la WW2, de ce Paris. Oui, il est Musée et "propre", mais c'est également Big Brother dans toute son horreur.
Voilà, en espérant que ça t'aide !
Ah, j'avais pas vu ça:
> mais de là à donner une telle importance à feu la noblesse... je marche pas trop non plus.
Ben dis, donc n'ouvre surtout pas Ombres d'Europes ! La noblesse je l'ai entièrement dézingué dans Néo-Révolution. Si tu la trouves trop présente, c'est historique. Comme toi, je n'aimais pas du tout cette idée, mais elle vient des origines de Shadowrun, quand les premiers auteurs avaient tendance à appliquer les concepts medfan à du cyberpunk pour faire "Shadowrun".
Je vais y retourner pour passer la première impression ! J'avais vu passer l'idée d'une ambiance d'occupation WW2 mais je l'avais complètement perdue de vue. Une fine équipe d'inglorious bastards, tout de suite, ça m'émeut...
Et puis c'est vrai que shadowrun est un savant mélange de medfan et de cyberpunk. L'aspect magique rattaché aux oeuvres, biens et monuments "historiques" peut aussi expliquer que ceux qui en sont en possession aient connu un regain de pouvoir dans shadowrun, ou estiment y avoir droit. Bon, je vais m'ouvrir à l'idée. Après-tout, deux mondes clivés qui ont l'air de cohabiter mais ne se croisent que quand ça déraille, c'est aussi ça la magie de Paris. Parquet, moulures et rideaux en velours ouvrant sur une terrasse avec vue sur le sacré coeur. On en oublierait presque les jeunes qui tiennent le mur au pied de l'immeuble, jusqu'à ce que ça sente le cramé.
Est ce que ça paraît complètement incohérent avec le contrôle de Marianne que le "crade" entre un peu intra-muros et soit pas exclusivement dans la zone ? Discussion entre deux employés corpos qui passent devant un sdf en passant devant une bouche de métro pour aller prendre leur taxi (y a des métros ? faut une course poursuite dans le métro !) : "A paris il y a beaucoup de sdf, pas parce que la situation est plus difficile qu'ailleurs mais parce que la liberté de circulation est une priorité. Marianne le garanti. En fait on a de quoi être fiers de nos sdf, t'es pas d'accord ?" Le sdf en question surprend la discussion et rétorque :"Connerie ! A Paris, les types comme moi, on les voit parce que y en a ! Coucouche panier, sale corpo vendu !"
Ca paraît complètement incohérent une scène comme celle là ?
Merci pour ton aide ! J'ai hâte de lire le supplément paris plus dark.
Ah, j'avais pas vu ça:
> mais de là à donner une telle importance à feu la noblesse... je marche pas trop non plus.Ben dis, donc n'ouvre surtout pas Ombres d'Europes ! La noblesse je l'ai entièrement dézingué dans Néo-Révolution. Si tu la trouves trop présente, c'est historique. Comme toi, je n'aimais pas du tout cette idée, mais elle vient des origines de Shadowrun, quand les premiers auteurs avaient tendance à appliquer les concepts medfan à du cyberpunk pour faire "Shadowrun".
belaran
Il y a aussi la tendance à plaquer des concepts historiques locaux chez les auteurs américains : pour la France Noblesse >< Révolution, Occupation >< Résistance, Belle Epoque et "refuge nègre", culture artistique et bohême, etc, etc...On voit aussi, je pense, cette patte dans deux symptômes récurrents de la France d'anticipation chez les auteurs anglo-saxons : la place accordée à la religion catholique et les accidents nucléaires. Je pense qu'on peut le voir également dans les refus de l'extraterritorialité (les américains ont souvent une vision "Gaullienne" de la politique étrangère française...)
Je ne sais pas ce qu'il en sera dans le nouveau Torg Eternity, mais la Cyberpapauté était très empreinte de tous ces concepts, et à peu près tous les scénarios off grid cyberpunk l'étaient beaucoup par exemple.
- belaran
Alors, en l'occurence, le chapitre sur la France d'Europe des Ombres (SR4), comme son prédécesseur "non-canonique" (France, Jeux Descartes SR2) ont été écrit par des auteurs français , idem pour Néo-Révolution (je suis français, même si je vis à l'étranger) et France des Ombres. L'idée de ramener la noblesse vient de là, je pense plus en écho au canon US avec pays des elfes (les Tirs).
Après, tu n'as pas complètement tort. Si j'ai pris la révolution et la WW2 comme référence pour Néo-R, c'est justement pour que, une fois canonisé en anglais, ça rentre dans les idées reçus américaines et que ça marche dans le reste de Shadowrun (sans être un Seattle avec une baguette et bérêt comme déjà évoqué). Et je pense que la pari a pas mal marché, car les auteurs américains de Final Bet (à paraître en anglais) qui ont écris des aventures à Paris ont trouver leur marque assez facilement.
> (les américains ont souvent une vision "Gaullienne" de la politique étrangère française...)
Ca aurait fait tellement plaisir au Général !
> Je ne sais pas ce qu'il en sera dans le nouveau Torg Eternity, mais la Cyberpapauté était très empreinte de tous ces concepts, et à peu près tous les scénarios off grid cyberpunk l'étaient beaucoup par exemple.
Je n'ai jamais lu l'original, donc j'attend avec impatience cette nouvelle version, car je suis curieux de voir, si ce cyberpunk sur la France vu par les US (à l'inverse de la France dans Shadowrun) a une autre patte en effet.
Je n'ai jamais lu l'original, donc j'attend avec impatience cette nouvelle version, car je suis curieux de voir, si ce cyberpunk sur la France vu par les US (à l'inverse de la France dans Shadowrun) a une autre patte en effet.belaran
Après, l'original, c'était quand même un supplément largement écrit par les Jeux Descartes, mais sur une "idée originale" du livre du monde écrit par les ricains. On y retrouvait évidemment une théocratie, mais avec un fort effet "Résistance", ainsi que des références constantes à la noblesse (par exemple le gang "les Rois-Soleils") et le côté "le peuple se révolte"...je ne saurais dire quelle part du produit final avait été apporté par l'équipe française....