Et sinon à part des JDR, tu lis quoi? 985
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Il faut dire qu'il est bankable. Par ce qu'il est clivant par ses prises de positions surtout je pense. Et ici son apport est anecdotique car il n'est l'auteur que de 8 pages sur un bouquin de presque 400.
Bref je pense que son nom sur la couv est surtout pour faire appel.
- Senrad
Cyrulnik ne me paraît guère clivant, il serait plutôt très consensuel, au point d'être très sollicité par les médias, notamment autour de la notion de résilience. Comme tu le dis, c'est sans doute pour cette raison qu'il apparaît sur la couverture de ton bouquin.
Il fait partie de ces experts en tout qu'on entend un peu partout, ce que regrette l'auteur du blog cité par Jay. Du reste, l'analyse textuelle pratiquée par celle-ci, Odile Filod, est fort stimulante, mais je rerste partagé à son sujet : qu'elle se livre à une déconstruction du discours de vulgarisation scientifique, c'est son droit le plus strict, elle le fait bien, et se documente abondamment, autour de sujets qu'elle semble maîtriser comme le sexisme ou le féminisme, comme on l'observe dans sa bibliographie et la liste de ses interventions en séminaire, conférence, à l'ESPE ou ailleurs.
Toutefois, elle effectue avant tout un travail de sociologue, ce qui est très bien, mais n'a donc aucune formation approfondie en biologie ou en neurologie. par son dépouillement de la littérature de vulgarisation, elle en sait beaucoup plus que moi sur l'importance des hormones dans le développement humain, mais toujours beaucoup moins qu'un chercheur du domaine.
J'ajoute que le CV affiché dans son blog indique qu'elle a œuvré dans des domaines variés (jamais la biologie ou la médecine), mais qu'elle s'affirme aujourd'hui "chercheuse indépendante" : à mes yeux, ça signifie plus prosaïquement "chercheuse non-reconnue par la communauté scientifique", et ça me gêne aux entournures. Ni en biologie, où elle n'a aucune formation, ni même en Sociologie, puisqu'elle n'a jamais terminé sa thèse de Doctorat, semble-t-il. Et, après une série de sept articles cités en début de bibliographie (publiés surtout en ligne), les très nombreuses communications recensées n'ont, semble-t-il, jamais été publiées dans une revue à comité scientifique, garantie nécessaire (mais pas suffisante) d'un certain sérieux.
Bref, je n'ai ni sympathie ni antipathie pour Boris Cyrulnik, et j'aime la démarche d'analyse du discours, bien menée par Odile Filot, qui remet en question les propos d'experts auto-proclamés dont la présence trop grande dans les médias (même sérieux) finit par galvauder la parole, mais je reste réservé quand elle s'exprime sur des sujets biologiques qu'elle ne maîtrise pas forcément assez (certes mieux que moi, mais ce n'est pas difficile...).
Bonne nuit.
- Lyle
Je me suis mal exprimé je crois. Je ne veux pas dire que Cyrulnik est clivant par ses positions mais par son omniprésence. Un peu comme Idriss Aberkane (sauf que lui c'est un vrai escroc ou a tout le moins quelqu'un qui ne mérite pas d'être écouté tellement il débite des âneries au kilomètre.) Et quand je parle de prise de position je parlais par rapport a une frange spécifique de la population dont je fais partie et donc il m'arrive d'oublier (avec la meilleure bonne foi du monde) qu'elle n'est pas hégémonique.
Je ne me prononcerai pas sur Odile Fillod car je n'ai pas suffisemment étudié ses travaux mais la faible qualité des revues dans lesquelles elle publie (voir même l'orientation politico philosophique de certaines, (notamment la Revue d'éthique et de théologie morale aux Editions du Cerf, qui ont un catalogue... particulier) m'invitent à la méfiance.)
Néanmoins je dois reconnaitre une chose a cette dame c'est que son questionnement de la qualité scientifique de Boris C. est pertinent. Je me suis livré a un tout petit exercice de "calcul" de l'impact factor des article de ce cher Boris et disons que ce ne fut pas concluant.
Je ne peux que te rejoindre sur les problèmes causés par l'omniprésence des experts dans notre monde médiatique mais c'est un sujet extrèmement complexe que je pense un peu HS ici, non ?
Sinon merci pour tes voeux de bonne nuit mais malheureusement, comme en atteste l'horodatage, n'ont pas porté leurs fruits.
Quoi qu'il en soit merci pour l'échange.
Messieurs, l'omniprésence de Boris dans certains médias vient probablement du fait de sa réelle expertise. Je fais partie de ces personnes qui suivent son travail depuis presque 30 ans. Si il est vrai qu'il profite d'une très grande visibilité ces dernières années, il n'en a pas toujours été le cas.
Ces travaux et recherches sont reconnus, publiés et très largement utilisés en référence par les étudiants chercheurs dans toutes les disciplines : de la conduite de changement à la psychologie. Cette approche interdisciplinaire peut-être perçue comme clivante mais demeure factuelle et étayée avec une approche scientifique.
Je rejoins Senrad sur la nécessité de l'utilisation d'une méthode et de protocoles pour la validation d'une analyse scientifique. Dans ce cas précis, en dehors de son aspect distrayant, la lecture de cet ouvrage doit probablement être pris pour ce qu'il est : un produit de consommation et certainement pas un ouvrage de référence.
- Lyle
Alors là, sérieusement, sans le moindre troll je suis TRES intéressé par les références des articles que tu mentionnes car moi pour ma part dans mon champ d'expertise et de recherche (qui est voisin de celui de mr Cyrulnik) je dois dire qu'il souffre d'une réputation exécrable (et je pèse mes mots) et que donc si c'est une réputation imméritée il me semble urgent de revoir mon opinion.
Car pour moi " selon le Web of Science (WoS), base mondiale de référence des publications scientifiques y compris non anglophones, parmi les 4 041 publications en psychologie, psychiatrie, neurologie ou pédiatrie comprenant à ce jour (NDLR : 2017) le mot “résilience” dans le résumé ou les mots-clés, une seule est de Boris Cyrulnik, faite en 2008, indexée en tant que matériel éditorial [...] et non article scientifique. Et [...] un seul de ses articles indexé dans le WoS (publié en 1998) a été cité par d’autres dans l’ensemble de la littérature scientifique qui y est référencée, et ce cinq fois seulement"
Donc si mon opinion est fausse il est urgent que je la corige (même si mes propres recherches se situent bien loin de concepts de résilience si cher à Bobo.)
A noter que B. Cyrulnik lui même ne se définit pas comme un scientifique « Je suis un praticien de la médecine, pas un scientifique, et c’est pourquoi j’ai presque exclusivement publié mes travaux dans des revues destinées aux médecins, non aux chercheurs », B. Cyrulnik, entretien avec Nicolas Chevassus-au-louis pour la Revue du crieur. (2017)
Sinon concernant l'ouvrage c'est une sorte d'ouvrage de vulgarisation mais qui repose sur des travaux sérieux de dument cités et documentés dans l'ouvrage. Alors non il ne s'agit pas d'un travail de recherche ni môme d'une simple thèse mais il n'en reste pas moins que c'est un travail réalisé par des gens qui "savent de quoi ils parlent" (je n'ai pas osé ni voulu utiliser le terme d'experts)
- Laurendi
En fait, tu ne peux pas résumer le travail de Boris à la seule "Résilience". Ce serait comme résumer l'oeuvre des Frères Coen à un célèbre et génialissime film sortie en 1988
Tu dois aussi prendre en compte ses nombreux travaux en éthologie qui ont un impact dans l'industrie, la conduite de changement et la communication interpersonnelle.
Je te recommande la lecture de "La parole comme d'une molécule" et "La naissance du sens", ouvrages que j'ai largement utilisée lors de ma thèse. Après tout, en tant que profesionnnel du secteur et compte tenu de tes nombreux partages de lecture, tu es tout à fait en mesure d'avoir accès à la liste complète de ses articles en éthologie.
Je te laisse seul juge concernant sa réputation exécrable dans ton environnement professionnel, tout comme tu es seul juge dans ton analyse sur les "bobos". Il y a longtemps que je ne me fie plus à cela pour juger de la justesse d'un propos.
Si je ne remets pas en cause le professionnalisme des intervenants de l'ouvrage qui tu partages (Boris y compris), permet moi d'y préférer l'analyse et le travail d'Audiard. Libre à toi de penser que je devrais résider à Sèvres, plutôt qu'en pays Basco-landais (humour)
- Lyle
[message supprimé]
En fait, tu ne peux pas résumer le travail de Boris à la seule "Résilience".
Alors si, non seulement je le peux mais je le fais. Et la raison en est simple c'est que sur ce domaine je dispose des compétences pour juger la pertinence de son travail alors que l'ethologie n'est pas vraiment mon domaine même si je dispose de connaissances basiques sur le sujet. A noter que en ce qui concerne la résilience il n'en est pas, même de très loin, l'un des piliers du domaine mais c'est lui qui a rendu cette notion grand public. Et ça est ce un bien ou un mal je ne saurai le dire car pour moi il est aussi utile pour une personne lambda de connaitre l'existence de cette théorie que de connaitre celle des théorèmes d'incomplètude de Gödel.
Merci pour les livres j'y jetterai un oeil si l'occasion se présente. Ceci étant des livres édités chez un éditeur "grand public" ne peuvent être considérés comme des travaux scientifiques donc je garde un certain recul par rapport a leur utilité dans le débat ci présent.
à un célèbre et génialissime film sortie en 1988
Tu veux pas dire 1998 plutôt ?
Alors sur une définition de la connerie le bouquin en question dit que, pour faire court, un con est quelqu'un avec des certitudes inamovibles et qui ne comprend pas l'intérêt de remettre en question ces certitudes. Mais il s'intéresse plus au fait "d'agir comme un con" que "d'être con."
Sinon en ce qui concerne la connerie en tant que maladie contagieuse c'est quelque chose en rapport avec l'expérience de Asch sur le conformisme et la pression sociale (petite vidéo explicative ici attention elle est en anglais) ce qui fait que l'on a tendance a faire nôtre des opinions ou des idées que l'on analyse comme complètment ridicules ou idiotes si elles sont partagées par la majortié d'un groupe auquel nous appartenons (endogroupe). Bien évidemment, tout comme dans l'expérience de Asch, ceci est pondéré par certains traits de personnalité, typiquement un besoin d'affiliation, un importance de l'estime de soi dans notre représentation mentale de nous même ou le fait d'être quelqu'un avec une personnalité autoritaire (ce dernier terme est un peu ambigü, mais retiens que ça ne veut pas dire quelqu'un qui fait preuve d'autorité mais qui trouve que l'autorité est un critère important dans une société.) Donc que les gens qui présentent un (ou plusieurs de ces traits) ont plus de chance de faire leurs des idées ridicules et grotesques aux yeux de tout le monde si leur endogroupe à adopté ces idées et ce envers et contre toutes les preuves du contraire.
Je m'arrête la dans l'explication car sinon je vais devoir rentrer dans l'explication d'autres concepts (comme la réactance par exemple) et ce n'est ni l'endroit ni vraiment le sujet.
Mais j'espère t'avoir apporté une base de réponse.
Edit : juste un petit mot pour réagir a ton exemple en fin de post. En quoi cela serait "pas de la connerie" de ne pas virer les gens qui font un travail qui se déroule pas dans des conditions opti (vu qu'on peut les amener a se fatiguer deux fois moins) ? Je veux dire par la que, oui, tu as raison : il faut prendre le problème dans son ensemble mais je pense que dans ton exemple même tu reste restreint car tu te limite a l'échelle de la structure alors que selon moi il faudrait prendre l'ensemble du paradigme dans lequel se trouve cette structure pour juger de la connerie ou non d'un tel choix. Mais ça reste un exemple complexe et d'habitude la "connerie" ne va pas aussi loin dans ses considérations.
Alors non ça ne rentre pas dans la définition de la connerie telle que je l'entend, c'est juste une opinion qui pousse a un comportement que l'on peut trouver questionnable. Enfin pour être plus précis je dirai que c'est quelque chose qui peut être vu comme "subjectivement con" plutôt que "objectivement con".
Ce que je veux dire par la c'est qu'il ne faut pas confondre un jugement d'une opinion avec laquelle on est pas d'accord et que l'on trouve grotesque (ce que j'appelle "subjectivement con" ci dessus) et quelque chose d'"objectivement con" (comme par exemple ne pas accepter l'idée que le disque qui se trouve dans le ciel dans la journée est le soleil.)
pour moi il est aussi utile pour une personne lambda de connaitre l'existence de cette théorie que de connaitre celle des théorèmes d'incomplètude de Gödel.
Lyle
Le monde se porterait probablement mieux si tout le monde connaissait et comprenait les théorèmes d'incomplétude de Gödel. Il contiendrait peut-être moins de cons.
- Lyle
Si par c..., tu entends connerie, voilà une définition par l'exemple :
alanthyr
Je me demande... en quoi cela serait de la transphobie traditionnelle ? c'est quoi l'argument ?
- Djoudjou
Je ne peut pas être plus d'accord avec toi.
Mais je me demande si on est pas un peu en train de se vautrer en plein HS là ^^
- Laurendi