[Bla bla] De vous à nous... 1987
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Je relance de deux concernant la peinture : quelles sont les peintures que vous avez vu dans un musée qui vous ont marqué ? Personnellement, il y en a deux :
Guernica de Picasso, pour toute la symbolique l'horreur nazi et la violence que j'en ai ressenti
Le Christ de Saint Jean de Croix de Salvador Dali, pour la symbolique du sacrifice ultime et la médiocrité du genre humain.
En effet, à la différence de toi, je suis un autodidacte en matière d'art (merci à ma maman de m'y avoir initié). Je n'ai aucune formation, je n'apprécie qu'émotionnellement une oeuvre. A contrario, Carré blanc sur fond blanc de Malevitch me laisse complètement de marbre ... limite du foutage de gueule ...
Si on va par là, mais sans violence. Un éloge de la douceur et de la tendresse. Aux Offices, à Florence, Boticelli, La naissance de Vénus. Choc de la voir en vrai.
- Utilisateur anonyme
Si on va par là, mais sans violence.
Senrad
Oui, il y a quelque grande violence dans Le jeune mendiant, violence qui nait de la rencontre entre le regard très tendre du peintre sur l'enfant, et le réalisme brutal de la condition décrite. Cette tendresse nous préserve du voyeurisme et nous jette au visage la condition humaine dans ce qu'elle a de plus commun, de plus banal. Le tableau nous donne à voir avec le même regard que celui qu'aurait le fantôme de la mère et du père de l'enfant, à qui "on" aurait donné la possibilité le temps d'une poignée de secondes de venir voir son enfant devenu orphelin, alors que le soleil jette quelques rayons sur un recoin sombre du monde, comme il en existe des millions, un recoin loin des regards : un enfant seul qui vit même le jour dans un coin délabré, sale, sans fermeture de fenêtre, des déchets d'aliments au sol, dont se nourrit l'enfant, et il fait seul le geste d'écraser de ses propres puces, un geste accompli normalement par autrui : une mère, un grand frère... Le coeur se serre, un mélange de tendresse débordante et d'horreur impuissante nous prend. La plante des pieds, à hauteur de notre regard, dit à elle seule le sordide de la misère et de la solitude humaine. Misère et solitude qui ne sont en rien des fictions. Cette scène de misère, de solitude et de vulnérabilité, est le quotidien de millions d'enfants (et d'adultes) à travers le monde. Porter sur ces enfants le même regard tendre que s'il s'agissait de nos propres enfants, c'est ce que nous invite à faire le peintre. Parce que, ne nous trompons pas, ce sont bien nos propres enfants.
Le tableau date du milieu du XVIIe. Mais il est intemporel.
A propos du Prado, justement, c'est là que j'ai été le plus marqué de découvrir en vrai un tableau qui me fait rêver depuis des années : le triptyque du Jardin des délices de Jérôme Bosch.
(Je le mets en petit parce qu'il est très large, mais vous pouvez voir une version en plus grand par ici.)
Des tableaux fourmillant de détails qui montrent l'imaginaire médiéval -Renaissance dans toute sa bizarrerie, mélange de fantasmagories débridées, d'allégories et de références religieuses à plusieurs niveaux, le tout peint avec une minutie extraordinaire. J'y ai puisé des tas d'idées de créatures et d'événements étranges pour nourrir Fantasia, aux frontières de l'Absurde, un jdr amateur que je bricolais au lycée et au début de mes études.
Il y a quatre ou cinq ans, j'étais à Madrid pour mon travail et j'avais juste une petite demi-journée pour me balader avant que ça ne commence, alors je suis allé me balader au Prado, où j'ai fait l'erreur d'entrer sans prendre de plan. J'ai vu plein de belles choses, mais j'ai fini par tourner en rond. L'heure de la fermeture approchait. J'ai enfin réussi à regagner l'entrée et à prendre un dépliant, et là je vois qu'il y a Le Jardin des délices. Pas possible ! Je me suis précipité jusqu'à la bonne salle, il n'y avait pas grand-monde, j'ai pu rester devant en arrêt pendant un bon moment avant de devoir sortir. Le bonheur. Dire que j'ai failli le rater !
- alanthyr
ah oui c'est vrai ... il y a celui-là aussi. Il y a tellement de choses à voir là-bas.
Si jamais tu retournes à Madrid, je te conseille aussi le musée Thyssen (des arts premiers au contemporain), un vrai voyage dans le temps.
Pas trouvé d'image, mais "L'homme au casque d'or" de Rambrandt m'a bien fait flippé quand j'étais gamin. Il y a avait une reproduction de ce tabelau dans le couloir juste devant la porte de ma chambre d'enfant et la façon dont le regard semblait me suivre quelque soit l'angle sous lequel je le regardais me fichait la trouille. En plus je ne pouvais pas l'éviter vu où il était placé.
Ceci dit plus tard en devenant adulte j'ai appris à aprécier Rambrandt. Il est 2e de mon panthéon personnel des peintres, juste derrière Le Caravage le plus grand de tous sans conteste. La maitrise de la lumière, du clair-obscur qu'ont ces deux peintres m'éverveille. Mais aussi leur maitrise de la composition, du geste, c'est à mes yeux parfait.
Merci. C'est superbe, non ?
Pieter Brueghel l'Ancien, scènes d'hiver et paysages Flamands. Jérôme Bosch déjà cité plus haut.
Les fresques dans la collégiale de San Gimignano https://fr.wikipedia.org/wiki/Coll%C3%A9giale_de_San_Gimignano
Ici, ce qui frappe, c'est à quel point on comprend encore les scènettes (même si la symbolique a parfois un peu changé). Cela se lit comme une BD. On découvre aussi les centres d'intérêt de l'époque. Vraiment touchant.
Des fresques de tombes en Egypte. https://fr.wikipedia.org/wiki/Peinture_dans_l%27%C3%89gypte_antique
L'émotion de deviner la main qui a donné tel ou tel coup de pinceau, après des siècles ! Finalement les Egyptiens ont presque obtenu l'immortalité !
Oui, je ne suis pas très branché art moderne.