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Le Mur de l'échelle du savoir [CONCOURS pour la PP LAELITH] 72

Forums > Communauté > Les financements participatifs

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Cela fait longtemps que je ne me suis pas réveillé en pleine nuit de cette maniére. Près de dix ans que cette histoire ne m'avait pas hantée. Je savais que j'aurais du en parler à quelqu'un à l'époque, mais à quoi bon, qui m'aurait cru?

Je m'en souviens comme hier. Langue Coupée m'avait confié une mission, aller voler quelques babioles au Temple du Poisson d'Argent. C'était pas une mission des plus simples, mais il est vrai que j'étais l'un des plus fidèles serviteurs alors, un homme de confiance dit on (si tant est qu'on puisse parler de confiance entre gens de la cambriole).

Bref, me voilà parti, tout emballé par les perspectives de cette audacieuse visite et, ma foi, j'ai trouvé l'exercice plus simple qu'il n'y paraissait. Deux trois prêtres à éviter, un soupçon de discrétion et me voilà arrivé à destination. Mais quand j'ai vu cette porte de pierre entrouverte, j'ai pas pu m'empêcher d'entendre la voix de la curiosité m'appeler. Fichue voix.

Alors j'ai jetté un oeil. C'était un escalier de pierre, froid et humidé qui s'enfonçait dans le sol. Je l'ai descendu. Prudemment. Je suis arrivé dans une enfilade de salles éclairées uniquement par des torches, j'ai donc continué pour voir où j'allais arriver. Je n'ai fait aucune rencontre. Ça m'a paru bizarre mais j'ai quand même poursuivi. J'avoue que je me voyais déjà trouver le trésor de Tourre l'éventreuse dans ce mystérieux dédale. Mais plus je marchais, plus je me demandais à quoi ça poivait bien servir tout ce réseau. De ci, de là, y'avait même des portes minérales donnant sur des pièces attenantes, vides. Et puis j'ai fini par en trouver une qui ne l'était pas.

c'êtait une sorte de bibliothèque. Modeste, sans prétention, mais composée d'une bonne trentaine d'ouvrages qui avaient l'air tous plus vieux les uns que les autres. Un ouvrage êtait posé sur un autel en pierre au centre de la pièce. Vu que je sais un peu lire, j'ai jetté un oeil. Ça parlait du lac. Ou plutôt de ce qui se trouve en dessous, tout au fond pour être exact. J'ai pas bien compris ce que voulait dire le mot "cosmique", mais les illustrations écarlates juste à coté laissaient à penser que quelque chose était tombé du ciel et avait crée le lac. Ça m'a fichu un coup. Moi on m'a toukours dit que c'êtait les Dieux qui avaient puni Laelith lors du Châtiment et bousculé la terre jusqu'à détruire la cité et créer le lac. Ce livre ne disait pas vraiment la même chose. Et ces illsutrations! Oh Dieux, qu'elles étaient effrayantes! Des crêatures affreuses, innommables, bien pires que tout ce qui traine dans la Cloaque. Rien qu'à y penser, j'en ai encore des frissons dans tout le corps...

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Brève de comptoir :

- dis t'as vu tout ce mouvement dans le quartier ? La Garde interroge tous les passants.

- ouais mais t'inquiètes je connais l'officier de service, passeront pas ici.

- parait qu'hier soir un marchand s'est fait dévaliser son stock de gnôle. Il doit l'avoir mauvaise le bougre, apparemment il avait accosté la veille et pour fêter la fin du voyage il avait décidé de faire le tour des tavernes du coin !

- pas de bol hein ?

- tu m'étonnes, tiens en attendant que ça se calme dehors ressers moi de ta nouvelle piquette, trop bonne !

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Regarde cette fille. Regarde ça. Nan mais tu vois ? Je te l'avais dit, c'est une sorcière!

A peine a t'elle murmuré quelque chose à l'oreille de ce riche bourgeois qu'il lui a filé sa bourse. C'est incroyable. Et regarde, voila qu'elle remet ça avec le garde là. C'est rageant de ne pas entendre ce qu'elle lui dit.

Mas qu'est ce qu'il fait? Zut, il vient par ici. Zut, elle a du nous repérer. Ça va être plus difficile de l'amener au patron maintenant. Viens, on va essayer de la choper à l'échelle du Pendu...

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Toi qui passes ici, toi qui as l’habitude de vendre ton épée, de la louer pour des causes nobles ou simplement pour des écus sans te soucier de la justesse de ta besogne, viendras-tu à mon secours ? Délivreras-tu celle qui fut esclave avant de devenir sultane ? Libèreras-tu celle qui trembla lorsque L’ombre des loups fut sur elle, mais qui resplendit à faire pâlir de jalousie tous les djinns du Shamyr, lorsqu’elle révéla L’étoile des sables, celle qui fut la servante d’un semi-gobelin et la maîtresse d’un prince?

J’ai fait mes premiers pas dans les ruelles tortueuses de la chaussée du lac. J’ai admiré les saumons aux écailles brillantes, que les pêcheurs sortaient des eaux bienfaisantes du lac Altalith, j’ai convoité les cargaisons des marchands suffisants qui déballaient leurs richesses devant les yeux avides de la plèbe, j’ai rêvé aussi… J’ai rêvé en voyant les beaux garçons portant fièrement leurs armes déambuler sur le port. J’étais belle et je le suis toujours, ma jeunesse sera encore très longue. Mon sourire, mes yeux bleus brillants et mon joli minois en ont séduit plus d’un… Sans le sou, j’ai fait tous les métiers, à commencer par le plus vieux du monde. Filles de joie, dites-vous ? Je préfère courtisane, et si j’ai parfois cédé mes charmes, j’en ai bien plus souvent joué. Avec aisance, avec subtilité, avec éclat. J’ai su suffisamment briller pour être remarquée par Dame Yphria d’Esharzy, qui fit de moi une des sublimes compagnes de la maison des mille fleurs. Adieu l’indigence ! Adieu les petits expédients ! J’entrais dans la cours des grands, je vivais dans le luxe, je flirtais avec les sires de la haute terrasse, j’évoluais dans d’inextricables intrigues au service de ma maîtresse et du roi dieu lui-même. D’ailleurs, Téaphanerys XIV me gratifia du titre de marquise d’Elianor et m’offrit un hôtel particulier dans une des échelles des nobles-citadins.

Mais à jouer l’espionne de haut vol, je finis par me brûler les ailes. Tout commença comme d’habitude, dans un des jardins du palais, planté de dragonniers et de lauriers roses. Je goutais à la douceur de la soirée d’été sûre de mon fait. Séduire le prince d’Agramor ne serait qu’un jeu d’enfant. N’avais-je pas écarté mes rivales de l’académie du bel art, Zoulia la rousse et Adonnaïs la brune ? Quelques sourires, quelques frivolités accompagnées de deux ou trois traits d’esprits, et je me retrouvais dans sa chambre. Sa sacoche diplomatique et ses secrets étaient à portée, Yphria et notre monarque divin seraient satisfaits. Pourtant, à l’heure de nous adonner aux délices de l’amour, lorsque je croyais porter l’estocade finale en libérant un des charmes dont j’avais le secret, ce fut moi qui succombais. Son regard devint terrifiant, hypnotique. Il me subjugua en un instant. Comment aurais-je pu deviner ? Comment aurais-je pu savoir que le sinistre Trevelian, l’empereur démon, l’ennemi juré du roi dieu, avait pris la vie et les traits du prince que je croyais séduire pour un de ses sinistres complots ? La suite fut un cauchemar… Les caves sombres et humides du cloaque… mes souvenirs et ma vie qui s’évanouissaient au fur et à mesure que le monstre se repaissait de mes charmes… La marque d’infamie qu’il inscrivit sur une partie de mon anatomie que la décence m’interdit de citer, m’avilissant au rang de ses esclaves. Combien de jours ? Combien de semaines dans cette nuit sans fin ? Comment ai-je réussi à trouver la force de sortir de la torpeur dans laquelle il me tenait ? Je ne saurais plus le dire. Tout ce dont je suis certaine, c’est que j’ai émergé d’un conduit humide et malodorant à des miles de Laelith en compagnie d’un des serviteurs de Trevelian. Etait-il vraiment sous mon charme ? Ce n’est pas impossible, même s’il me vendit à des nomades semi-goblins du désert d’Azarian. Que pouvais-je attendre de mieux de la part d’un sbire du vampire ? J’étais vivante et j’échappais aux griffes de l’empereur démon…

Esclave, je le fus longtemps, voyageant à travers le monde au gré de mes maîtres et amants. J’ai arpenté les quais embrumés d’Escargae, la cité nordique, j’ai été la concubine du plus grand des princes-sorciers Shamyriens et je suis devenue sultane du royaume de Maridjiane… De simple aventurière, je devins une héroïne dont des romans narrent encore l’histoire. Mes aventures dans les Royaumes de Lune seraient longues à conter mais ne sont pas d’à propos.

Car aujourd’hui, je suis de retour dans la cité sainte.

J’ai revu avec émotion les eaux du lac se briser sur les pontons du port, j’ai parcouru les rues industrieuses de la main qui travaille, j’ai retrouvé les échelles qui mènent à l’hôtel d’Elianor… Et j’ai senti le tatouage noir se réveiller. La marque d’asservissement a-t-elle pénétrée jusqu’au plus profond de mon âme ? J’entends sa voix, il m’appelle, il m’envahit ! Mon esprit chavire. L’empereur démon s’est-il joué de moi depuis le début ? Ne m’a-t-il laissée fuir que pour mieux faire de moi sa marionnette, le moment venu ? C’est au nouveau roi-dieu qu’il en veut. C’est vers lui qu’il me dirige… Ma volonté sombre, le sortilège noir qui me subjugue m’empêche de dire ce qu’il m’arrive, mais sans que je puisse l’expliquer, j’ai encore la force d’écrire…

Toi qui lis, j’implore ton aide ! Toi, qui entends ma supplique, me délivreras-tu de cette malédiction ? M’abandonneras-tu à mon triste sort, comme d’autres le firent jadis pour La princesse nue ? Prendras-tu le risque de voir l’empereur démon triompher ? Si c’est de l’or que tu veux, j’en ai à foison pour te récompenser… Et si tes yeux me délivrent du regard implacable du vampire, si ton sourire illumine la nuit dans laquelle il me plonge, peut-être conquerras-tu ce que j’ai de plus précieux à offrir : mon cœur.

Laeta, marquise d’Elianor, sultane de Maridjiane et simple esclave.

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"Si ça s'trouve t'es le fils du roi dieu !". Ma mère m'adorait, à sa façon. Aîné de douze enfants j'étais le seul envers lequel elle exprimais de l'affection. Au moment du bain, elle me lavait en me répétant inlassablement la même histoire. Notre misérable cahutte devenait alors pour un moment la Maison des Mille Fleurs et elle se revoyait en robe de satin et dentelles, accueillant des hommes riches et puissants. Si je m'étais laissé bercé dans ma prime jeunesse par ses souvenirs, le temps passant j’eus de plus en plus de mal à voir en cette femme abimée par les tâches ingrates d'une éleveuse de porcs, celle qu'elle prétendait avoir été. Mais elle me le répétait : Sa beauté avait emmené des hommes du palais jusque dans son salon, et parmi eux, le Roi Dieu lui-même, rompant pour elle seule son vœu d'abstinence. Puis elle était tombé enceinte, et plutôt que de passer par une saigneuse pour se débarrasser du poids, elle s'était enfuit jusque dans le Duché où un fermier bien laid mais qui avait ses jours de bienveillance l'avait attrapée.

J'enterrais mon beau-père, puis ma mère alors que je n'avais pas fini de grandir. La ferme fût reprise et comme on me trouvait bien bâti, je fus placé dans une compagnie de mercenaires du Seigneur Baran. Un soir de congé, à Goracht, je me retrouvais aviné avec une belle brune dans mes bras. Elle tirait le tarot à qui payait sa tournée. La plupart du temps ça n'avait ni queue ni tête, ou comme souvent, ça prenait le sens qu'on voulait bien lui donner. Puis vint mon tour. Et de la lecture de ses cartes aussi sombres que sa chevelure sortirent de ses lèvres pulpeuses les mots suivants :

Va dans la cité du roi Dieu ou t'attend ton père qui sur la pierre règne et parle à Lorm de mes lames.

Hadgar avait visiblement finit son récit. Il parlait bien pour un soldat, même d'Agramor. Lorm l'avait écouté tout du long sans broncher, s'assurant que le gobelet du narrateur soit toujours rempli et rapidement vidé par ce dernier. Il buvait avec lui, mais il avait l'avantage, ou la malédiction pour certains, de ne jamais connaître l'ivresse. Comme ce n'était pas le cas pour son compagnon du jour, ce dernier commença à dodeliner de la tête, signe qu'il n'allait pas faire long feu. Ils sortirent de l'Entennoir bras dessus bras dessous, en chantant une chanson qui évoquait les femmes d'Olizya de la façon la plus irrespectueuse qui soit.

Il n'est pas donné à tout le monde de trouver son Chemin dans le Châtiment. Lorm faisait partie des quelques élus. L'avenue devint rue, la rue devint ruelle et la ruelle se fit impasse. Il lui semblait parfois que les pierres lui parlaient, lui susurrait au creux de son oreille le passage où s'engager. Hadgar tenait à peine. Lorm plaçât l'ivrogne titubant devant lui et du bout des doigts lui souleva le menton. C'est au moment où ce dernier sembla vouloir soulevez vainement ses paupières que sa lame, d'un geste aussi rapide que précis, lui entailla profondément la gorge.

Un de moins. Les filles de Zanélia travaillaient bien. Sur certains sujets, leurs cartes ne se trompaient jamais. Lorm tourna les talons et ses pensées étaient déjà à sa nouvelle mission : Un adorateur du Grand Hibou aurait reconnu un nouveau prophète, donc une nouvelle source potentielle de désordre…

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Je me nomme Daert Meridel. Je suis avant tout un artiste, un barde, mais je vous parle d’un temps où pour épouser cette profession, il fallait faire ses preuves à l’épée et à la dague.

Il y a de ça quelques années je travaillais comme garde du corps pour un noble. Trop préoccupé par son image auprès du Roi-Dieu, ce dernier dilapidait sa fortune en fêtes somptueuses en louant notamment la place sous la Haute-terrasse. La terrasse du nuage porte parfaitement son nom, et un soir, la brume vint gâcher la fête. Des individus en profitèrent pour agresser les invités. Je sortis mon épée, prêt à en découdre. Dans la cohue qui suivie je perdis très vite mes repères, ferraillant avec un adversaire coriace, n’y voyant plus à deux pas.

C’est ce moment que choisi un doudilain pour surgir de nulle part. La surprise me fit partir à la renverse et ma tête heurta violement le sol. À moitié inconscient, je trouvais la situation cocasse ; perdre la vie à cause de ce petit animal, quelle ironie. Je repris connaissance quelques heures plus tard. La brume s’était dissipée ainsi que la foule d’invités, le silence avait repris ses droits. Je me trouvais un peu à l’écart, hors de vue des gardes de la cité appelés en renfort et comptant les victimes. Surpris d’être toujours vivant et surtout de me retrouver face à face avec ce petit lémurien, curieux de me voir émerger de mon coma, je m’assieds et me frotta la tête où une belle bosse était apparue. À mon tour j’observais ce curieux animal. Il faut dire qu’ils sont partout dans les échelles de la cité, jamais immobiles toujours sautant, chahutant, esquivant. Comment prendre le temps de les observer. Je les savais plutôt gourmant et sortis de ma poche une pomme. Immédiatement intéressé, le doudilain s’approcha. Je lui laissais mon repas assez rapidement redoutant un nouveau tour de l’animal.

Pendant qu’il mangeait je pris ma flute et entamais un petit air. Le doulidain leva la tête aussitôt et chanta d’une petite voix rigolote et un peu criarde : dou, douli, di, dou, douli, di, dili, dili, di… Je le suivi en imitant sa voix et apparemment le jeu lui plut et fini par le charmer. De fil en aiguille et jour après jour, ce doulidain devint mon ami. Enfin, mon amie, car Duli, comme je la nommerais plus tard, est une femelle, une alliée fidèle pas toujours très sage mais toujours de bons conseils.

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Brève de comptoir :

- je crois que ça sera la dernière de la soirée, le patron est en train de ranger le fond de la salle, et vu que t'es déjà bien aviné c'est pas plus mal.

- hey oh c'est toi qui m'a amené dans ce bouge infame jte signale.

- tss parle moins fort, y a le demi qui fait office de videur à l'entrée qui risque de nous jeter dehors illico. Disons qu'ils sont un peu susceptibles dans le coin.

- le demi ?

- oui le demi peau verte, ogre, monstre, appelle le comme tu veux. T'as pas vu le bestiau il fait peur.

- ouais ben moi j'aime pas sa tronche à ce demi !

- mais pfff moins fort que jte dis, parait qu'ils ont l'ouîe plus développée que nous autres. Pas mal pour espionner les conversations tu me diras.

- impossible qu'il nous entende à l'autre bout de la salle avec tout ce brouhaha ! Pas vrai le demi hein que t'as une salle tronche ! Ha ha

- mais t'es bouché des esgourdes ou quoi ? Jte dis moins fort !

- même pas peur ! Hey le demi moche hein que tu m'entends pas d'ici ! Demi tour dans ta grotte de dégénérés ouais ! Ha ha

- mince le voilà

- ...

- non je vous assure monsieur le videur, non mon ami parlait de demi pression, le bière vous savez ? Non je vous prend pas pour une buse ! Aie ! Non pas taper ! Aie !

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Le Cloaque est une terre d'aventure parait-il. Peuh ! C'est surtout un endroit infâme. Crois moi petit, tu auras sûrement envie de t'y perdre toi aussi quand tu voudras prouver ta vaillance, ou que tu penseras y dénicher de merveilleux trésors. Mais au bout du compte, quand tu en reviendras, tu ne verras plus la vie sous le même jour.

ouais je sais, dis comme ça, ça fait sourire. Pourtant c'est la vérité. Tu y perdras des amis chers, tu y laisseras tes espoirs et tu y gagneras des frayeurs éternelles. J'y suis allé, plus que je n'aurais dû sans doute. J'y ai croisé une faune incroyable de pariahs et d'exclus. Surtout des non humains d'ailleurs qui se sont construits une société violente et dêcadente dans ces bas fonds. Mais ça c'est rien. Il faut descendre plus bas, bien plus bas, pour vraiment vivre l'enfer. Là, nulle crêature ne vit. Les orcs, les vampires, les morts vivants, nul ne songerait à rester en ces zones car elles cachent un monde horrible, peuplé de cauchemars. Certains disent qu'il s'agit des cauchemars des dieux et qu'ils sont au delà de notre compréhension. D'autres pensent que ce sont les âmes de défunts du Chàtiment qui errent là. Tout ce que je sais, c'est que cet endroit est un lieu de perdition. Peu de ceux qui y entrent en ressortent. Et ce n'est pas les morts qui connaissent la fin la plus tragique. Car ceux qui reviennent ont perdu quelque chose là bas. Ils deviennent des Égarés, des vagabonds qui ne peuvent trouver le sommeil ni le goût de la vie, et qui exhalent un souffle de mort partout où ils passent. F'est ce que je suis aujourd'hui, mon petit. Un Egaré, et j'apporte un message des plus bas étages : le Châtiment a cndamné les anciens habitants de Laelith, et ceux reviennent se venger. Craignez les, fuyez les, car le Souffle se répand...

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"Heu... T'as une idée de l'endroit où nous sommes ?"

Il y avait dans la voix de Fifre un tremblement à peine perceptible et complètement inhabituel.

"J'suis pas sûr..."

"Comment ça t'es pas sûr ? T'as une piste ?"

Le tremblement avait disparu.

« Tu te souviens du puit dans lequel nous sommes tombés ? »

« Évidemment, au moment où nous courions après le gnome avec son drôle de bijou qui indiquait l'heure ? »

« C'est ça. Tu as remarqué le ralentit de notre chute, je suppose ? »

« Tu veux pas faire la version courte ? »

« J'y viens mais avant je récapitule : Nos décidons de faire les poches d'un marchand de la Foire aux Enchantements. On lui court après, on tombe dans un trou pendant pas mal de temps. On passe une porte, nous bavassons avec des fleurs géantes carnivores qui nous trouvent aussi laids qu'appétissants et maintenant nous voici devant une ogresse maquillée comme une fille de la Grosse Lulu qui en veut à nos têtes. »

« Ouaii ! Et alors ? »

« Te bile pas, tout ça c'est une illusion ou un rêve. On va se réveiller. »

« Ha... »

La voix de Fifre tremblait à nouveau…

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Avisse à celui qui se reconnaitra !

Mon p'tit gars t'as intérêt à ramener recta l'épée que t'as sournoisement subtilisée à mézigue

hier soir à l'auberge du chat qui pète...

Et crois pas que j't'ai pas reconnu hein ! T'as jussqu'à ce soir pour la ramener ousque tu l'as trouvée, sinon je vais tellement te tartiner la tronche qu'elle ressemblera plus à celle d'un shadrak qu'au Roi-Dieu.

Un pèlerin

(passqui faut pas prendre les enfants du Roi-Dieu pour des canards sauvages)

J'en profite tant que j'ai un peu de mur

pour demander aux gens qui sont responsables de comment ça marche ici

pour demander si y serait possible de rapprocher les latrines publiques des lieux de cultes.

Passque bon.

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Il s'agissait manifestement d'un message assez ancien, à en juger par ses lettres ternies et par les témoignages alentour qui en recouvraient désormais de généreuses portions. L'hiver prochain, il aurait probablement totalement disparu, car ainsi vont les choses, mais pour l'heure, si l'on se montrait assez curieux pour s'arrêter en ce point précis du mur de l'échelle du savoir et que l'on plissait suffisamment fort les yeux, on pouvait encore en comprendre le sens.


Si vous craignez d'être sur le mauvais chemin, si vous avez peur de vous être égaré, suivez donc le blanc doudilain ou les marques qu'il aura laissées.

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Brève de comptoir :

- j'en ai une bonne !

- vas-y raconte.

- un type m'a accosté dans la rue et soit disant qu'il serait revenu du cloaque, qu'il aurait découvert des choses incroyables, des lieux insolites, des caches de contrebande à dévaliser et cerise sur le gâteau des trésors fabuleux, bref tout le baratin habituel.

- ha ha foutaises, personne ne revient du cloaque c'est bien connu ! Pourquoi il te racontait ça, j'imagine qu'il voulait quelque chose en échange ?

- à ton avis ? Me refourguer un plan du cloaque évidemment !

- ha ha si seulement il savait ! S'adresser ainsi au plus grand faussaire de Laelith fallait le faire !

- hé oui se faire refourguer ses propres plans bidons du cloaque c'est cocasse en effet.

- bon en même temps tu sais ce qu'on dit, des vrais plans circuleraient en ville, donc qui sait ...

- rooo mais c'est dingue cette rumeur ! Personne n'a pu cartographier le cloaque jte dis, personne.

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Tu connais cette ville ? Non ? Moi ? Oh si peu... Viens avec moi, à deux nous nous y retrouverons plus facilement. Parait que ces rues sont remplies de faux guides. Faudrait pas que tu te fasses détrousser pour ton premier jour, l’ami. Héhé, une si belle bourse, de si beaux vêtements, avoue que ce serait dommage. Moi ? Je viens du sud, un ptit bled pas très connu, c’est pas important. C’est où je vais et où tu vas qui est important. Hume ce parfum, cette ville est magnifique ! Pleine de promesses... La cité aux mille délices ! Tu disais où ? La terrasse de la Prospérité ? Tu m’en diras tant… Ecoute je ne connais pas très bien la ville mais c’est ton jour de chance, l'ami ! Justement je connais un raccourci… Ah, voilà, c’est par là. Oui ça descend un peu…

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J'ai exploré la gorge de Fafnir, j'ai arpenté les terres de Malienda, j'ai navigué aux confins du monde, j'ai défendu les tours de guet de l'île hobbit et j'ai même visité les dessous de l'arène des elfes. J'ai bravé dragons et masques de mort et je m'en étais toujours sorti entier. Alors prenez garde, vous qui me lisez, et écoutez moi quand je vous dit qu'il ne faut pas visiter le cloaque......

le borgne édenté

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- Vous ne connaissez pas la dernière, monsieur Mérilès ? Y parait qu’ya un nouveau culte qu’est arrivé en ville ! Z’en sont tous fous à la terrasse des Nuages. Tenez, vos gâteaux.

- Arrête de croire tout ce que tu entends au marché, petit, j’te l’ai déjà dit.

- Mais cette fois c’est vrai ! Même que ça viendrait des Félys et que pour y entrer faut…

- C’est inscrit sur le formulaire officiel d’entrée ?

- Quoi ?

- Le formulaire officiel d’entrée. Les nouveaux arrivants doivent cocher leur culte. Si ton culte, là, n’est pas sur le formulaire, alors il n’existe pas.

- Mais… c’est vous qui rédigez les formulaires officiels d’entrée et…

- C’est sur le formulaire ou ce n’est pas sur le formulaire ?

- Bah non puisque vous n’êtes pas au cour…

- Alors ton culte n’existe pas à Laelith et puis c’est tout ! … Un nouveau culte. Et puis quoi encore ? Un nouveau Roi-Dieu ? Je suis au courant de tout ce qui est officiel ici, mon petit, alors ne va pas m’apprendre mon métier et va au marché me chercher un autre panier de gâteaux de la grosse Joraline. Regarde, tu ne m’en as pas assez ramené. A peine le temps d’écouter tes sottises que j’ai déjà fini.

- Mais ce matin vous deviez m’apprendre à rédiger le formulaire de taxation des transits de marchandise entre la terrass…

- Qu’est-ce cela, une mutinerie ? Déguerpie avant que je ne me fâche !

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Brève de comptoir :

- t'as entendu la rumeur ?

- quelle rumeur, y en a tellement !

- t'es pas au courant ? Paraitrait que plusieurs centaines de mécènes auraient contribué au financement des travaux de rénovation actuellement en cours dans notre chère Laelith.

- des mécènes ? Qui viendraient d'où ? D'une province lointaine ?

- mieux, des mages d'une autre dimension, oui mon gars !

- d'une autre dimension ? Ha ha, tu m'en dira tant ! Allez à la tienne ! La dernière tournée est pour moi.

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Une nouvelle inscription est apparue cette nuit sur le mur de l’échelle du savoir. C’est sans aucun doute l’oeuvre d’un quelconque ivrogne égaré. Cependant, il se dit qu’avant l’aube le recteur de notre université (accompagné d’une délégation des linguistes les plus réputés de la cité) se serait rendu sur place en personne afin d’examiner de plus près l’inscription sus-mentionnée:

Ph'nglui mglw'nafh Cthulhu R'lyeh wgah'nagl fhtagn

Ph’garl alth fhugn Laelith othrag’ wguh’nogl

Selon un témoin, la signification à donner à ce charabia suscite une vive polémique au sein du cercle restreint des plus éminents savants de la ville. Il y serait question d’une entité nommée Cthulhu qui rêve et qui attend dans la cité de R’lyeh.

C’est la 2ème partie du message qui est le sujet de la controverse. D’aucuns l’interprètent comme ceci: « Aujourd’hui Il a rêvé de la mystique Laelith »; d’autres soutiennent cette version : « Aujourd’hui, la mystique Laelith à rêvé de Lui ». Enfin une troisième faction pense que c’est vraiment pas la peine de se le lever si tôt pour si peu et qu’il est plus que temps d’aller petit-déjeuner.

Selon ce même témoin, aux premières lueurs de l’aube le professeur Bertin Faudel - qui faisait partie de la délégation nocturne - a quitté l’enceinte de l’université en hurlant et en courant comme un fou vers le pont des Illusions. Plus personne ne l’a revu depuis.

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Parchemin trouvé dans un trou du mur de l'échelle du Savoir, caché derrière une pierre.

C'était il y a une semaine ou peut-être plus, mais ces images qui ne cessent de me tourmenter ont altéré ma perception du temps. L'obscurité m'est désormais insupportable, je sursaute au moindre bruit, je ne dors plus, je ne mange plus, et je pense qu'il est grand temps de quitter ces lieux. Ce que j'ai fait va sûrement changer Laelith, et déjà la quasi totalité des cimetières ont été vidé et sont fermés. Depuis quelques jours, on rapporte que les morts seront désormais jetés dans la faille, et leurs corps confiés aux flots tumultueux de l'Inlam. Qu'ai-je fait ?!

Je l'avoue, je ne suis pas un saint, mais il faut bien manger, et ce travail de déterreur de morts n'était pas le pire que je connaisse. Si nous n'étions pas là, qui fournirait des cadavres frais à l'académie de médecine ? Qui apporterait à l'échelle des métalleries les métaux précieux bon marché que les gens laissent à leur défunt ? Qui "trouverait" ces vraies fausses reliques et autres objets rares que la ville vend aux pèlerins de plus en plus nombreux ? Qui ?

Ce travail nocturne me correspondait : la nuit, tous les chats sont gris et personne ne pouvait voir mes difformités : mon dos voûté n'effrayait personne, pas plus que la vilaine dissymétrie de mon visage, restes d'une tentative d'avortement de ma mère qui, veuve suite au décès prématuré de mon géniteur, n'avait pas souhaité me garder. Mais les charlatans du Lazaret n'avaient pas atteint leurs objectifs et j'étais né. Ma mère, teinturière dans "La main qui travaille", m'éleva caché pour ne pas perdre son travail. Je passais ainsi une partie de mon enfance enfermé dans une petite pièce au croisement de l'échelle des cuirs et de l'échelle des ateliers, avec pour uniques connaissances de la vie et de la ville l'entrebâillement d'un volet et les bruits de la rue. La réalité de ma naissance ne fut révélée que tardivement, et mon apparence effrayante aux yeux des hommes me valu de continuer à vivre reclus : l'obscurité et la solitude furent alors mes deux meilleures amies. Je n'étais pas bête, juste laid, très laid ! Les seuls moments où je pouvais sortir étaient ceux où on ne pouvait voir qui j'étais et ce que j'étais, c'est-à-dire entre le coucher du Soleil et le lever de ce même astre. Mes balades nocturnes me menaient toujours à des endroits calmes et peu fréquentés ; c'est donc tout naturellement que je me pris de passion pour les cimetières.

La nuit, je repérais le ballet de ces gens vêtus de sombre manteau qui faisaient le travail que personne ne voulait savoir mais que tout le monde semblait connaître. Les tombes abandonnées depuis longtemps étaient méthodiquement vidées, les fosses communes régulièrement inspectées à la recherche de cadavres frais et utilisables, et les tombes des riches étaient visitées comme il se doit. L'équipe était composée d'une demi-douzaine d'hommes vigoureux, qui parlaient peu et semblaient agir avec méthode. Je les observais caché derrière les pierres tombales ou à l'abri des murets. Ma présence ne resta pas longtemps ignorée. Mais contrairement aux hommes du jour, ces derniers prirent pitié de moi, me laissèrent peu à peu participer et l'adolescent perdu que j'étais intégra leur groupe. Girm, le plus ancien du groupe m'expliqua que leur rôle était indispensable : certes, ce qu'ils faisaient ressemblait à du pillage, mais il permettait aussi de libérer des tombes et sans leur intervention, la population croissante de Laelith finirait par ne plus pouvoir enterrer ses morts intra muros. Il y avait bien sûr une part d'hypocrisie dans ses propos, mais force était de constater que jamais les forces de l'ordre n'intervenaient, même quand ils passaient à proximité de l'un des cimetières que nous visitions.

Les années passèrent ainsi, Girm mourut et les rôles furent redistribués. Il m'incomba bientôt celui de rechercher les tombes et autres sépultures les plus vétustes pour les vider de leur contenu, laissant ainsi la place pour de nouvelles, la mort ne se lassant jamais de son travail. Une seule m'était interdite, sans que je sache pourquoi. Elle était d'ailleurs interdite à tous, de jour comme de nuit, et aucun n'imaginait même s'aventurer aller plus loin que la haie de buis mal taillée qui l'entourait. Elle ressemblait à une petite chapelle dont l'entrée était encadrée par deux vieilles statues de marbre blanc qui n'avaient pourtant pas perdu leur superbe avec le temps. Ces dernières représentaient à taille réelle la même jeune fille ; sur l'une elle était parée une toge, une couronne de laurier sur la tête, sur l'autre elle était quasiment nue, ses cheveux et ses mains cachant ses parties intimes. Je la trouvais belle, très belle, tellement belle …

Une nuit de déprime, une nuit que la bouteille me donna plus de courage que d'habitude, une nuit de profonde et insupportable solitude que la présence de mes compagnons ne suffisait plus à combler, je franchis l'interdit. L'intérieur de la tombe était petit et sobre ; les murs étaient couverts d'un stuc blanc nervuré imitant à la perfection le marbre et le plafond recouvert d'un fond bleu que venait piqueter une myriade d'étoiles. Au fond du tombeau, sur une estrade de pierre bleue, trônait un unique sarcophage de granit que la lumière blafarde de la Lune venait éclairer par de petites ouvertures astucieusement placées. En m'approchant, je crus qu'il était ouvert, mais la lanterne me révéla la réalité : il avait été scellé par une énorme et épaisse plaque de quartz parfaitement ajustée et qui nous laissait contempler son contenu : une magnifique jeune fille dans la fleur de l'âge, vêtue d'une toge pourpre. Ou l'embaumeur avait fait un travail extraordinaire, ou une quelconque magie l'avait maintenue ainsi, mais force était de constater que sa beauté n'avait pas été flétrie par les années passées allongée, et que la mort lui avait offert la jeunesse éternelle. J'en tombais amoureux.

Les jours et les semaines passèrent mais pas une seule nuit sans que je trouve un moment pour m'éclipser et aller la contempler. Même quand nous "travaillions" à l'autre bout de la ville, je cherchais toujours une excuse pour venir la rejoindre, pour la regarder, pour lui parler, pour partager ma vie et ses misères. Cela devint une obsession. Je n'en dormais plus, je n'en mangeais plus, je ne pensais plus qu'à elle. Qui était-elle, d'où venait-elle, impossible de le savoir. J'avais bien sollicité quelques uns de nos contacts pour qu'ils aillent chercher à ma place dans les archives libres des temples ou dans quelque bibliothèque privée, mais rien !

Je la voulais. Je voulais aller la voir, la regarder, la toucher. Oui ! La toucher ! Mais ni ma pioche, ni mes burins, ni même mes coins en acier ne parvinrent à entamer la solide couche de pierre translucide. Et je traînais mon obsession sans résultat jusqu'au soir où nous trouvâmes, à l'intérieur de l'une des tombes que nous explorions, une mystérieuse dague faîte d'un métal bleu et couverte de runes. Au lieu de la mettre dans le sac destiné à la revente, je parvins à la subtiliser. Elle transpirait la magie et j'étais sûr qu'elle serait la clef. Et elle le fut !

Aux aurores, plutôt que de retourner dans ma sombre demeure, je me précipitais au cimetière et pénétrais à nouveau dans la tombe. Pour la première fois, je vu la lumière du Soleil éclairer le monument ; l'intérieur me paru quelque peu différent, mais mon excitation me masqua l'importance de ce fait. A genoux devant le sarcophage, je saisi l'arme magique et entrepris de briser le quartz qui me séparait de ma belle. Sans difficulté et à mon grand étonnement, en quelques coups de dague seulement je parvins à faire un trou dans l'imposant couvercle, mais à peine mon ouvrage fut fini qu'un spectacle affreux s'offrit à ma vue. Au fur et à mesure que l'air pénétrait en sifflant dans le sarcophage, le corps de ma dulcinée vieillissait, jusqu'à devenir un corps décharné se décomposant devant mes yeux ; le sortilège qui l'avait conservée tant d'années avait été brisé et il ne resta bientôt d'elle qu'une fine couche de poussière. Dans le même temps, une brume verte s'échappait du sarcophage et envahissait le tombeau. Je pris peur, me mis à hurler et m'enfuis dans les premières lueurs du jour. Avant de quitter la tombe, mon regard croisa le plafond ; il ne montrait plus un ciel étoilé mais un fond émeraude couvert d'une multitude de squelettes dorés.

Apeuré, épuisé et profondément choqué, je parvins à rentrer chez moi, mais le mal était fait, et les conséquences de mon acte se firent rapidement entendre. Malédiction, magie, ou maladie, peu importe ce qu'elle était, la brume verte se mélangea aux brouillards matinaux et se répandit dans toute la ville. Bientôt, la rumeur rapporta que des personnes mortes depuis peu "se réveillaient", l'air hagard, le regard vide et comme dominées par une volonté extérieure. Si ces créatures ne se montraient pas dangereuses, voire même passives, elles effrayèrent et posèrent un tel problème, tant pour les proches que pour les autorités, que toute la ville fut en émoi. Au fur à mesure de la journée, les morts qui "se levaient" étaient de plus en plus anciens et la situation devint critique. La garde courait partout, les milices furent réquisitionnées et l'enquête diligentée dés le début des événements parvint très vite à sa conclusion. Les prêtres du Temple du Crâne qui en furent chargés trouvèrent la source de la contamination. Bien qu'ils n'identifièrent pas immédiatement le coupable de cette profanation, moi en l'occurrence, ils prirent une décision radicale : le cimetière fut cerné et il fut décidé son nettoyage complet. La tombe de ma belle fut rayée de la carte et tous les cadavres du cimetière furent retirés pour être brûlés à l'extérieur de la ville.

Au crépuscule, le travail n'était pas fini. L'un des membres de notre équipe frappa à la porte de ma pitoyable demeure. Il me conta succinctement les événements et m'expliqua que nous avions été réquisitionnés pour les aider dans cette sordide tâche. Mais je ne pus l'accompagner. Je prétextais que j'étais malade, et que malgré le fait qu'ils allaient être bien payés, j'étais incapable de le suivre. Je compris aussi à cet instant que j'avais fait sonner le glas pour ma profession dans Laelith. Enfin, je n'avais pas l'intention de me jeter dans la gueule du loup, tant et soit peu qu'ils puissent me soupçonner. De toute manière, je doutais d'avoir la force de m'y traîner.

Depuis, ce jour, je vis reclus. Mes provisions sont épuisées. De toute manière, je n'ai pas faim. Les bruits de la rue ont cessé de me passionner. Je passe mon temps à revivre les événements et la seule thérapie que je crois avoir trouvée est de relater mes fragments de vie dans ce parchemin. J'irai le cacher ce soir dans une anfractuosité du mur de l'échelle du Savoir avant de fuir la ville à la fermeture des portes. Il sera, j'en suis sûr, un remède à toute personne souffrant d'une obsession pouvant l'amener à faire ce qu'il ne faut pas faire, et à l'empêcher de commettre l'irréparable.

Quant à moi, il y a sûrement du travail pour un nettoyeur de cimetières dans une autre ville. J'ai d'ailleurs entendu parler d'une grande cité aux toits dorés dans le sud. J'ai fait mon paquetage, réunis mes économies et ai soigneusement caché la dague dans ma botte. Qui sait, peut-être pourra-t-elle encore servir ?

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Autrefois, avant d'être l'homme que je suis aujourd'hui, j'ai été un vaillant aventurier, risquant sa vie pour le frisson du risque, pour de l'or ou simplement pour me sentir vivant. Mes pas m'ont alors amené vers notre belle cité, Laelith.

j'accompagnais un haut dignitaire de Jadhys à l'époque, qui voulait rejoindre la cité sainte. Un individu bizarre. De tout le voyage, il est resté caché dans un palanquin.

Je n'avais eu jusque là affaire qu'à son intermédiaire, un elfe du nom de Vellandar, qui m'a expliqué durant le chemin que le gars en question était particulièrement contagieux à cause d'une maladie du sud. Bref, j'ai pas posé plus de questions et comme la prime êtait avantageuse, j'ai fait ce pour quoi j'étais payé.

Et mon escorte a été plus qu'utile. Nous avons affronté maints dangers au cours de ces quelques jours de route : les brigands, les marais, des pluies torrentielles. On a même été pris dans une zone de sort, par un mage un peu dingue qui voulait rendre sa virginité à Mère Nature. Il avait enchanté une parcelle pour la ramener à son état originel, dinosaures compris ! J'ai bien cru ne pas en revenir de cette virée !

Mais on s'en est sortis. On est arrivés à Laelith par la porte d'en bas. On a rejoint la Piste Dorée, je me suis fait payé et j'ai quitté mes commanditaires. J'en ai profité pour casser une graine au coin du feu avec les gars du coin. On a picolé pas mal et ya eu de la musique, des danseuses. Tant et si bien que j'ai un peu perdu le fil du temps. Il devait être assez tard quand je me suis dit qu'il était temps que je me trouve un endroit où pieuter. J'ai cherché autour de moi, passant de tentes en tentes pour y trouver une place, et j'ai fini par tomber sur mes commanditaires qui discutaient avec un mec en habits de prêtre. Mais le plus dingue, c'est ce que j'ai vu là. L'elfe, lui je l'ai reconnu tout de suite. Mais l'autre, j'avais juste entendu sa voix, alors quand je l'ai vu, ça m'a fait un choc : c'êtait une espèce de petite bestiole qui ressemblait vaguement à un pingouin. Sauf qu'il parlait le pingouin! Sur le coup, je me suis dit qu'il fallait que j'arrête de picoler. Mais aujourd'hui, plusieurs années après, je sais que c'était certainement un chupl'z. Et pour qu'un gars comme ça vienne jusque Laelith pour voir un prêtre, il devait avoir une sacrée bonne raison...

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"Votre Roi Dieu est mort"

Vous rappelant que vous êtes tous mortels...

Je déteste cette ville, non, plus précisément je déteste sa surface. Et je vous déteste vous, tous...Vous avez voulu nous emprisonner, murant vos caves et les tunnels qui donnaient accès au monde du dessous. Vous aviez peur, et plutôt que d'affronter le danger, vous avez préféré l'enfermer, l'emprisonner, pour l'oublier, pour continuer vos petites vies pathétiques, vous croyant en sécurité. Vous avez eu tort, car à l'abri de vos regards, le danger que vous craigniez tant a grandi, a grossi pour devenir si fort que vous ne pourrez jamais l'arrêter...

Douleur, lorsque l'air pur pénètre mes poumons, me faisant regretter l'air lourd et vicié des souterrains que j'arpente d'habitude. Comme à chaque fois, il me faut quelques minutes pour m'habituer et pouvoir enfin respirer normalement. La nuit enveloppe ma silhouette sombre, elle me protège, m'offre la protection de son obscurité. Je suis sorti parfois de jour, mais l'expérience est trop... douloureuse, le bruit qui meurtrit mes tympans, la foule qui me bouscule, et le soleil, cet affreux soleil qui m'éblouit jusqu'à me rendre aveugle et dont la morsure sur ma peau est plus douloureuse que celle d'un chien des enfers.

Mes pas me mènent toujours plus haut. J'évite quelques pauvres hères, un groupe de jeunes braillards aviné, une patrouille que le cliquetis des armures trahit avant même que je les vois. Les ombres m'offrent leur protection et je continue ma progression, échappant à vos regards.

Je monte, toujours et encore, et je m'interroge comme à chaque fois. Qu'est ce qui vous pousse à toujours vouloir aller plus haut ? Et lorsque vous avez atteint le sommet, vos tours continuent à s'élever vers le ciel, comme si vous vouliez atteindre... quoi ? Stupide et pathétique. Cette obsession vous hante tellement que vous en oubliez que vos pieds resteront toujours rivés au sol et que vos constructions ont besoin de solides fondations. Car sans une base solide et durable, tout s'écroule, tout se brise, comme un château de carte soufflé par le vent.

Vous avez fait une erreur, une grossière erreur en désertant le sous sol en nous laissant en prendre possession pour en faire notre royaume. Car le jour où nous le souhaiterons, vos éphémères constructions disparaîtront lorsque le sol se dérobera sous vos pieds, brisant ainsi vos rêves futiles d'élévation. Vous serez englouti et cette ville immonde ne sera plus qu'un mauvais souvenir.

Le Mur de l'Echelle du Savoir. Mes pas m'ont mené jusqu'à cette construction où s'accumulent les inepties stupides et inutiles. Mes doigts courent sur la pierre froide, jusqu'à trouver... un espace libre.

Votre Roi Dieu est mort.

Et bientôt votre monde s'écroulera.

Ecrit en lettre de sang...