Moderniser le JdR ? Place des femmes et rapport sociaux 148

Oui enfin il faut avouer qu'aujourd'hui la grande majorité des joueurs sont des joueurs, justement. Que la très grande majorité des MJ sont des hommes aussi (ce qui ne veut pas dire qu'il n'y a pas de MJ femmes ou de joueuses), et que la très grande majorité des auteurs et éditeurs sont aussi des hommes. Du coup la question reste légitime dans sa généralité. Et elle est aussi intéressante à poser aux femmes et joueuses dans l'autre sens : est-ce qu'elles gèrent différemment leur rapport à tout ça que les MJ mecs de leur entourage ? Pourquoi ? Comment ? Etc...

EDIT : ah oui mais non, faut pas effacer comme ça.

J'ai effacé parce que c'est le genre de propos qui peuvent être pris à contresens en dépit de toutes les pincettes que tu peux prendre, détourner etc... Mais tu as compris ce que je voulais dire Julien...

Je vais apporter mon avis là-dessus car il se trouve que j'ai deux exemples (l'un de chaque côté du mur va-t-on dire).

Je connais un joueur qui fait des allusions sexuelles à une autre joueuse (qui elle, est en couple) en parties et en dehors. Typiquement le sexisme ordinaire et en vérité ce joueur-là se fait insulter par "nous autres" du club. On lui fait remarquer que c'est un gros porc d'avoir un tel discours et que cela va bien au-delà du jeu de rôle. Ce n'est pas la première fois que ce joueur a un tel vocabulaire (et comportement) parce qu'à chaque fois c'est la même chose. Je pense que cela dépasse l'aspect jeu de rôle mais répond plutôt à la personne en elle-même. Grosso modo je pense qu'il y a des cons partout, et même dans le jeu de rôle.

Au contraire, je connais aussi un joueur (qui est mon Maitre de Jeu favori, celui qui m'apprend tout) qui se comporte correctement quand une joueuse est à sa table. Concrètement, cela ne signifie pas d'être naturel (même si je reconnais volontiers que nous autres, hommo sapien masculin, peuvent être tout à fait en accord avec le respect de la femme) mais d'ajouter quelques efforts lorsqu'une femme est présente à la table. J'entends par-là qu'il modère sa table et les autres joueurs, de part le language autorisé mais également les valeurs et idéaux qu'on pourrait interpréter à ce moment là. Je ne sais pas si cela est très clair, mais ce MJ tente de véhiculer (c'est assez discret tant par la parole que par la manière) une sorte de bonne manière et de bonne parole. Je ne dis pas qu'on ne pète pas ni qu'on rigole pas comme des mongoles, mais j'estime personnellement qu'il y a en effet une sorte d'adaptation sociale.

Voilà, c'est mon ressenti et je pense avoir suffisament de recul pour être d'accord avec une petite adaptation quand une femme est présente à la table. C'est une responsabilité collective maintenue par le MJ ; ce qui pour autant, n'est pas prétexte à jouer à Sainte-Nitouche sans aller à l'extrême chasteté.

Je ne dis pas qu'on ne pète pas ni qu'on rigole pas comme des mongoles, mais j'estime personnellement qu'il y a en effet une sorte d'adaptation sociale.

LOL ! Parce que les filles ou les femmes ne pètent pas, et ne rotent jamais comme des camionneurs lorsqu'elle boivent une bière !!! Pour moi, ça, c'est du sexisme ! (Je dis ça en étant bien placé pour en parler : à la maison, je suis entouré par la gent féminine, et je peux vous dire que je suis le seul à être outré lorsque ce genre de phénomène se produit, et c'est très régulier !!! )

Pour moi, se comporter "différemment" quand une femme est présente, c'est la considérer comme "différente". C'est bien de la respecter, mais en même temps, si l'homme et la femme sont "égaux" (je mets des guillemets, car il s'agit là d'une considération morale, philosophique, juridique... bref, surtout d'ordre intellectuel, car "être égal" peut aussi ne vouloir rien dire. Je m'explique : au 100m, je ne suis l'égal ni de Carl Lewis, ni de Florence Griffith Joyner ! - Oui, je suis resté bloqué dans les années 80 ! Et alors ?!! ;D), il n'y a pas à se comporter différemment lorsqu'une femme est présente. A mon sens, il faut simplement que les êtres humains soient respectueux les uns envers les autres.

Après, oui, notre société s'est bâtie sur une différenciation. Sur DES différenciations, devraient-on dire ! Ainsi, il m'est arrivé par le passé, et peut-être encore aujourd'hui, sans que je m'en rende compte, que j'emploie des expressions qui renvoient vers le sexisme, mais aussi le racisme, l'homophobie ou que sais-je encore. Et celà alors que je ne me considère pas comme un gros macho, un raciste ou un homophobe. Etudiant, je me souviens avoir employé des expressions comme "faire quelque chose en juif" ou "c'est un truc de pédé !". Et celà sans arrière pensée, et sans réfléchir que ça pouvait heurter mon pote de confession juive ou mes copains gays et lesbiennes... Qui ne le prenaient pas particulièrement mal parce qu'ils savaient qu'il n'y avait pas de mauvaises intentions derrières mes mots. Alors avec le temps, j'ai effectivement effacé ces expressions de mon vocabulaire, parce qu'il n'y avait pas besoin de réfléchir beaucoup pour comprendre leur origine détestable. Et il est possible que, sans m'en rendre compte, j'en ai encore. Mais ce n'est pas spécialement sexiste. C'est beaucoup plus large que ça.

Toujours est-il que, que ce soit dans la vie de tous les jours, au basket ou quand je joue, je n'ai pas la sensation de faire de différence entre les hommes et les femmes. Je les respecte tous autant. Et pour moi, c'est ça le principe. Après, franchement, quand je joue, quand je fais du basket... je ne me prends pas la tête avec ces notions. Je suis là pour me faire plaisir avec mes potes, et je ne songe pas 2 secondes à introduire quoi que ce soit d'autres dans mes parties que du pur divertissement.

Je ne dis pas qu'on ne pète pas ni qu'on rigole pas comme des mongoles, mais j'estime personnellement qu'il y a en effet une sorte d'adaptation sociale.

LOL ! Parce que les filles ou les femmes ne pètent pas, et ne rotent jamais comme des camionneurs lorsqu'elle boivent une bière !!! Pour moi, ça, c'est du sexisme ! (Je dis ça en étant bien placé pour en parler : à la maison, je suis entouré par la gent féminine, et je peux vous dire que je suis le seul à être outré lorsque ce genre de phénomène se produit, et c'est très régulier !!! )

Roooooh ce n'est pas ce qu'il a dit...

C'est le problème des doubles négations.

Tiens... on a des pouces baissés sur des messages où on indique qu'on efface un précédent post pour éviter les polémiques...

Bon allez du coup, puisqu'on demande des réponses individuelles et qu'a priori même quand on ne veut pas polémiquer on se prend des pouces baissés, allons de notre opinion: Je ne change rien à ma façon de jouer qu'il y ait des joueurs hommes ou femmes à table. Parce que de base, la gaudriole sur le bonnet du soutif en mailles ne m'a jamais fait marrer, que poser ses couilles sur la table ne m'a jamais intéressé, que je suis entouré de joueuses qui savent très bien si je fais du Xème degré ou pas, qui font tout autant preuve de X degré, que je ne m'entoure pas dans ma vie personnelle de gros lourds avec qui je ne saurais avoir d'affinités, parce que j'estime être un minimum intelligent pour savoir si l'intention d'un jeu est de m'amener sur une voie dangereuse ou pas, et que je suis ouvert à la discussion si ma langue peut fourcher par erreur, incompréhension ou humour salace exceptionnel.

Qu'il ne s'agit pas tant de problèmes de jeu de rôle que d'éducation et de bonne conduite personnelle. Le gros porc qui draguera lourdement à la table ou exprimera ses frustrations sexuelles au travers du rempart d'un personnage désaxé restera un gros porc au sortir de la partie.

Alors peut être que je suis un gros porc qui s'ignore et devrait effectivement changer de position sur sa façon de jouer, mais je connais une joueuse qui n'hésiterait pas à me rabrouer si c'était le cas, vu la manière avec laquelle elle peut rabrouer certains de nos amis communs sur certains aspects sexistes du jeu de façon général.

Reste le problème du joueur que l'on ne connait pas, en convention ou venant à la table pour la première fois. Mais, entre nous... Vous allez pas me dire que vous ne prenez pas la peine d'expliquer à un mal élevé ou à un gros con qu'il faut se calmer ou le dégager de la table...? Comme vous n'accepteriez pas de continuer à parler avec lui si vous l'aviez rencontré à un diner.

On est tous le gros con de quelqu'un....SmirnovV

tant qu'à faire, autant choisir de qui ...

Nan, pas moi, je suis le gros con de tous!

C'est le problème des doubles négations.

Dohnar

C'est vrai que je me suis perdu dans l'écriture à ce moment là et j'aurais mieux faire de me relire !

Ma modeste contribution : je ne modifie pas vraiment ma façon de faire jouer quand il y a une femme autour de la table. Il y en a presque toujours une (et pas toujours la même). Mais je dois constater qu'un des groupes auxquels je participe comme joueur, où il n'y a que des hommes, est beaucoup plus porté sur les blagues salaces, le partage de vidéos borderline et autres, que ces messieurs n'oseraient peut-être pas si le groupe était mixte. Quoique... un autre groupe qui compte une femme y est presque aussi enclin.

Cela dit, il est utile de poser la question de la représentation des genres dans une campagne de jdr et de la place que l'on offre aux femmes qui voudraient participer. Alors je fais certes souvent jouer dans des univers historiques "dominés par les hommes" mais avec des nuances qui permettent aux femmes de trouver leur place. Dans ma campagne de Pavillon Noir, le capitaine est une femme. Elle a longtemps commandé déguisée en homme mais a fini par jouer franc jeu, soutenue par les autres PJ et l'équipage l'a accepté malgré les superstitions de marins. A Ars Magica, la société est patriarcale mais l'ordre d'Hermès forme une niche plus égalitaire. Et dans les mondes imaginaires, on peut mieux rétablir l'équilibre.

Quant au gros lourd de service : mais pourquoi vous acceptez de jouer avec un mec pareil ? Il n'a pas des amis auxquels il peut parler ? Non ? Tant pis pour lui mais ma table, c'est pas la déchetterie.

Si la réponse est oui, je choisis le genre le plus approprié à l'histoire. Si la réponse est non... bah soit je vois que j'ai déjà plein de PNJ masculins et je passe le PNJ au féminin, soit je tire à pile ou face.

et pour le sexe tu fais pareil ? tu tires donc deux piles ou faces ? je trouve que cela complexifie un peu les descriptions

Si la réponse est oui, je choisis le genre le plus approprié à l'histoire. Si la réponse est non... bah soit je vois que j'ai déjà plein de PNJ masculins et je passe le PNJ au féminin, soit je tire à pile ou face.

et pour le sexe tu fais pareil ? tu tires donc deux piles ou faces ? je trouve que cela complexifie un peu les descriptions

Parmenion

Comme j'écris actuellement et fais actuellement jouer très majoritairement en médiéval, je ne me pose que rarement la question je l'avoue de la dysphorie de genre. Mais si je devais écrire pour de la SF, oui, je me demanderais si tiens, là, tel PNJ ne pourrait pas être dysphorique de genre. Pourquoi pas ?

Oui, je fais une distinction fondamentale entre sexe et genre, effectivement. Même si la plupart de mes PNJ sont cis, et donc que sexe=genre chez eux.

En bref, je fais de mon mieux, et c'est pas si horrible que ça.

quand je fais du basket...
Marc S

[HS] Mais mais, encore un basketteur du côté de BBE/CB ? vous pouvez monter une team non? Je savais pour Damz, Yannick et Tom mais en v'la un autre [/HS]

Comme j'écris actuellement et fais actuellement jouer très majoritairement en médiéval, je ne me pose que rarement la question je l'avoue de la dysphorie de genre. Mais si je devais écrire pour de la SF, oui, je me demanderais si tiens, là, tel PNJ ne pourrait pas être dysphorique de genre. Pourquoi pas ?

Est-ce que tu pourrais m'expliquer le sens de cette phrase ? Parce que là, pour moi, ce n'est pas très clair, dans la mesure où je pense qu'on ne donne pas le même sens au mot dysphorie.

C'est https://fr.wikipedia.org/wiki/Dysphorie_de_genre ?

La dysphorie de genre est le terme en psycho/psychiatrie pour le fait d'être transgenre (femme à la naissance se sentant homme ou homme à la naissance se sentant femme).

SI la dysphorie de genre est quelque chose dont on parle plus ouvertement de nos jours (et donc quand on touche à la SF on peut se dire que c'est quelque chose de plus présent), je me pose moins la question dans des univers médiévaux basés sur une féodalité européenne, je l'avoue. Mais à tort, peut être.

C'est cependant pour cela que je fais une différence entre genre et sexe, et que je préfère parler de genre (même si la plupart de mes PNJ dans les univers med fan sont clairement "cis") plutôt que de sexe.

Merci pour les explications, je ne connaissais pas ce terme, on en apprend tous les jours.

Vu l'estime que je porte à cette bande de bigots, c'est le cadet de mes soucis.

Ben ils jouent à midnight dans le camp de l'Ombre. :p