Maquettiste / Mise en Page 31
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Voilà j'ai un scénario qui dort depuis pas mal de temps et je voudrais l'avoir en version physique mais ni conaissant rien en mis en page et boulot de maquettiste.
Je recherche une personne pouvant mettre en place sur PDF mon scénario perso de JDR (C.O.C) 30 pages environs avec table des matières, Adj et divers liens etc.. , un maquettiste repondrais a mes attentes pour ce boulot ?
Ou il faut que je me tourne vers une autre profession ? Merci de m'éclairer
- Thegrom
- et
- Tolkraft
C'est complètement dans les capacités d'un maquettiste équipé. Mise en page sur InDesign (ou équivalent) puis export au format PDF, avec des éléments dynamiques (sommaire envoyant directement à la page par exemple, liens, etc.).
Bonjour,
Suite à la question de Method, je vous propose ce petit tutoriel qui ne sera evidement pas exhaustif – difficile de transmettre des années d'experience et de pratique dans un simple post de forum – mais qui a pour but de dégrossir succinctement le sujet de la mise en page.
Pour mettre en page son jeu de rôle, il vous faut deux choses :
- un jeu de rôle, c'est-à-dire toute la partie des textes, dans un format exploitable (word, xml, etc) et un tant soit peu découpé par chapitres, rubriques, paragraphes.
- une idée de design, c'est-à-dire une représentation mentale du style graphique ou du thème (médiéval, destructuré, etc) que vous souhaitez donner à votre ouvrage.
I - Les choix
Avant de vous lancer directement sur un logiciel, il est préférable de se poser trois minutes avec une feuille blanche et un crayon. Un travers de mauvais graphiste est de se laisser guider par l'outil informatique. Bien sûr, on peut finir par trouver un style graphique convenable en tâtonnant au hasard les différentes options, comme on peut trouver un super coin pour pique-niquer en déambulant avec son véhicule sans vraiment savoir où on va. Mais le plus efficace est tout de même de réfléchir et de planifier un minimum avant de démarrer. Pas besoin de dessiner quoi que ce soit, mais juste de fixer les grandes lignes de votre futur jeu :
- Quel est le thème de mon jeu de rôle, et comment vais-je traduire cette idée graphiquement ? Un fond de parchemin pour un jeu médiéval ? Des encarts de type informatique pour un jeu futuriste ? Une maquette moderne et esthétique sans lien direct avec le thème ?
- Quelle grille de texte vais-je adopter ? Une justification sur 1 colonne ? 2 colonnes ? 3 colonnes ? Des exergues en bord de page ? Ou en encarts dans le texte ? Des gouttières très larges ou resserrées ? L'encombrement et la disposition du texte vont influencer le ressenti du jeu au premier regard, et aussi l'aisance de lecture. Il est intéressant de feuilleter quelques livres à portée de main avec ce souci de structuration du texte en tête pour définir ce qui convient le mieux à votre jeu, votre sensibilité, son thème.
- Quelles typographies vais-je utiliser ? Une débauche de polices est préjudiciable. Il est préférable de sélectionner une typographie lisible et classique pour le texte courant (Times, Helvetica Neue, Optima, Frutiger, etc) et une, voire deux typographies exotiques pour donner du caractère à votre jeu et exprimer le thème choisi (titres Gothiques pour une certaine idée de l'Allemagne – Achtung Cthulhu –, en onciale pour du médiéval, etc. Chaque typographie véhicule un ressenti particulier, et c'est une partie du travail qui fait appel à votre sensibilité. Attention aux licences, surtout si vous souhaitez commercialiser votre jeu : les typographies sont doublement protégées, en tant qu’œuvre et logiciel.
- Quelles couleurs vais-je utiliser ? Même conseils que ci-dessus, appliqués à la dominante colorielle qui ressortira de votre ouvrage quand on le prendra en main la première fois. Des couleurs froides ou chaudes ? Des couleurs vives ou plutôt désaturées ? Tout celà n'évoque pas la même chose : un vert amande traduit mieux la tristesse qu'un vert prairie par exemple.
II - Maquetter
Je conseille Adobe InDesign, qui est un logiciel payant, pour plusieurs raisons. Premièrement, si autrefois il fallait acheter une version du logiciel périssable et à un prix dispendieux, on peut aujourd’hui souscrire un abonnement bien délimité dans le temps, pour un besoin ponctuel. Deuxièmement, ça reste un des logiciels les plus complet du marché, bien documenté par de nombreux tutoriels et aides diverses. Troisièmement, c’est un logiciel qui est utilisé par les professionnels et offrent donc une compatibilité totale de votre travail avec les imprimeurs si jamais vous avez besoin de leur livrer vos sources. Enfin, InDesign et Acrobat sont des produits de la même entreprise, et il y a donc un lien optimal en terme d’options pour l'édition de votre document au format PDF (liens dynamiques, formulaires, etc).
Même si InDesign propose une option de rassemblement des éléments en dossier normés à la fin de votre travail, je préconise de structurer dès le début votre travail, en séparant les fichiers textes de base, les images, les fontes et les fichiers Indd. Quand vous reviendrez sur votre dossier dans cinq ans pour une seconde mouture, vous serez bien contents de ne pas vous trouver face à un fatras de fichiers. De même, le logiciel évoluant régulièrement, je conseille de dupliquer votre maquette au format Idml, ce qui permettra de recouvrer certaines informations malgré l’obsolescence éventuelle des versions.
Voilà ! Nous y sommes. Vous lancez InDesign. Vous avez une image mentale à peu près formée du résultat final, qui va inévitablement évoluer au fur et à mesure de votre travail, mais qui constitue une base salutaire si vous ne voulez pas multiplier les recherches et les tâtonnements. Je n’entre pas dans un cours assommant : vous trouverez une foultitude de tutoriels pour apprendre à manier ce logiciel. Je résumerai simplement que dans le but d’imprimer votre travail sur papier, je recommande de faire un fichier pour la couverture (première et quatrième de couverture) et un fichier pour les cahiers (les pages internes de votre document). Déjà parce que les deux sont sur des grammages différents et ainsi traités différemment par les imprimeurs, notamment en cas d’amalgame. Ensuite parce que la tranche de votre ouvrage est amenée à varier en fonction du nombre de pages et qu’il est plus facile de gérer cette variation de la tranche si la couverture est sur un fichier à part. Voire d’en faire plusieurs versions (une en cas de couverture cartonnée, et une en cas de couverture souple).
Dans votre document principal contenant les texte, avant d’importer ou de coller quoique ce soit, créer votre ou vos gabarits. Dans le panneau page, vous accédez aux gabarits en cliquant sur A- Gabarit et pouvez dupliquer autant d’occurence que vous souhaitez de mise en page différentes. Ces gabarits contiennent les éléments récurrents à la plupart des pages. Par exemple, l’emplacement et le style du foliotage, l’intitulé du chapitre ou le nom du jeu en pied de page, le bloc texte type en une, deux, trois, ou plus colonnes, etc.
Ceci fait, créez ensuite des feuilles de style dans l’onglet éponyme. Les feuilles de style sont des gabarits correspondants à votre identité graphique. L’intérêt est que ces feuilles de style sont affectées à un élément de votre choix, puis peuvent être modifiées en cours de route pour répercuter vos choix sur tous les éléments qu’elles concernent. Par exemple, mon titre de premier niveau h1 est bleu roi. Puis après trois jours de travail, je change d’idée et voudrais que tous mes titres soient en vermillon. Problème, j’ai maquetté 35 pages avec à peu près autant de titres. En modifiant la feuille de style « Titre h1 », mon changement de couleur est répercuté sur l’ensemble des éléments titres en un clic. Aussi, veillez à nommer de manière compréhensible vos feuilles de style. « Titre de Chapitre » est plus facilement identifiable que « Copie de élément 24 ».
Les styles de paragraphe et de caractères sont des feuilles de styles similaires, si ce n’est que les styles de paragraphes affectent.. un paragraphe, et les feuilles de caractères… des caractères. C’est important, car vous pouvez créer une feuille de style de caractère « italique, rouge » imbriquée dans une feuille de style de paragraphe « texte courant », pour mettre tous les termes « le nom de mon jeu de rôle » en italique et en rouge automatiquement à travers tout votre document de 500 pages par exemple.
Une fois que vous avez défini votre structure de page dans les gabarits et les feuilles de style à appliquer, il n’y plus qu’à importer votre texte au kilomètre et indiquer à In Design ce qui est un titre, un sous-titre, une liste à puce, etc.
Le logiciel propose des possibilités de sommaire, d’index, ou de foliotage à plusieurs entrées (chiffres romains pour une section, puis numérotation classique pour les autres). Enfin, les styles Grep permettent de pousser encore plus loin l’automatisation de mise en forme de votre contenu. Là aussi, une recherche rapide sur le terme Grep vous apportera toute la méthodologie et des exemples concrets.
III- Des images
Agrémentez de quelques images, en jouant sur les options d’habillage : textes en détourage autour d’un personnage par exemple, ou bloc avec une marge de protection de 3 mm., etc. SI vos illustrations sont en bord de page, ou si vous choisissez une image de texture en fond de page (i.e. Ars Magica 5th ou Black Crusade), n'oubliez pas de prévoir un bord de coupe, c'est-à-dire de faire dépassser votre visuel de 3 à 5 mm en dehors du document.
Pour une apparence correcte, les images doivent être idéalement à 300 dpi à 100%, et pas plus bas que 240 dpi à 100% (ratio 140% d'agrandissement). Le poids du fichier image est un vague indicateur mais n'est pas une indication correcte ou optimale de la qualité d'une image. Si j'ai une image A4 à 300 dpi, elle ne sera plus qu'à 30 dpi si je l'imprime en 2 x 3 m (300dpi à 30 cm = 30 dpi à 300 cm). Donc, si vous avez un super timbre poste en haute définition à 300 dpi, vous n'en ferez pas pour autant un fond de page convenable en A3...
Pour finir, une image a toujours un propriétaire et n'est jamais libre de droits. En conséquence, attention aux récupérations sauvages sur Internet. Au mieux en terme de libre, un auteur généreux a pu céder gratuitement ses droits patrimoniaux, mais il possède des droits moraux incessibles sur son œuvre qui lui permettent en outre de s'opposer à sa divulgation ou à une utilisation inadaptée. En exemple de Googlage foireux, je renvoie à l'utilisation de la photo du petit Gregory pour le jardin d'enfant du festival de Montreux.
En espérant que ce balayage rapide puisse aider.
- No.oB-15-62967
- et
- Method
Trés intéressant ces conseils , je te remercie et salue la pertinence de ton post qui a pu m'eclairer ; Mille Merci !
Ouah ! Super merci pour tous ces conseils ! Voilà qui va me servir, que ce soit pour mon jdr (si je le finis un jour), ou pour mon travail de mise en page en général (pour mes élèves par exemple)...
Une petite question, si tu as le temps d'y répondre (et uniquement si tu en as le temps... et l'envie). Tu dis que certaines polices d'écriture sont protégées, ce que je comprends parfaitement (après tout,les typographes sont des artistes eux aussi)... Du coup, si on utilise une typographie, que doit-on faire ? Comment payer les éventuels droits ? Comme pour un dessin ? (peronnellement, j'aime beaucoup Time New Roman, Calibri Light et Britannic Bold, disponibles dans Windows... Comment devrais-je procéder pour vendre un bouquin publié avec ?
Comme l'a dit Jay, la plupart des grandes fonderies ont des typographies utilisables par tout un chacun, et qui sont délivrées avec un système d'exploitation ou un logiciel en vue d'une exploitation sereine (Arial, Courrier, etc...).
Le problème se pose principalement sur les typographies exotiques, que la plupart des gens vont chercher ou déposer sur Dafont. Tout d'abord, elles sont dessinées par nombre d'amateurs et ne sont pas forcément correctes : chasses de caractères ou approches défaillantes, caractères spéciaux manquants (accents, arobase), copie sauvage d'une typographie existante et un peu modifiée ou simplement renommée sous un nom diférent, etc... Ensuite, il y a les évolutions piègeuses : tu passes au mois de mars et la typographie est en version démo gratuite, ou gratuite pour un usage personnel. Puis au mois de septembre, son auteur se ravise et en a fait une version payante (shareware, licence par poste, etc). Et il peut arriver qu'il s'aperçoive de l'utilisation, qui et devenue contrefaisante... La vigilance est donc de mise sur ces plateformes.
Dans le cadre d'un usage à des fins commerciales (vendre son jeu), je recommande de passer par des fonderies ayant pignon sur rue, ou si la typographie est véritablement particulière, de contacter son auteur et d'échanger avec lui.
Il reste aussi la solution de créer sa propre typographie avec des logiciels comme Fontographer ou Fontforge. Une fois que tu maitrises les courbes de Bézier – ce qui est généralement le cas si tu pratiques Illustrator – tu peux dessiner chacun des caractères de ta typographie. La difficulté réside – comme je le soulignais plus haut – dans le fait d'équilibrer harmonieusement les yeux, ou les graisses des différents jambages et de prévoir les bons réglages : un vilain blanc entre un A et un V pète tout de suite au nez du lecteur et à tendance à freiner sa lecture aussi surement qu'un nid de poule en deux roues sur la route par exemple. (LE LAVAGE EN AVAL – LE LA V AGE EN A V AL).
- Gollum
Merci beaucoup de ce complément d'information !
Donc, si j'ai bien compris, en utilisant les polices Windows, peu de chances pour qu'elles soient payantes (ce sont des vieilles polices d'écriture).
J'éviterai de me lancer dans la création des miennes, par contre, parce que même si j'ai regardé des vidéos sérieuses sur la typographie pour me renseigner un peu, je sais que je suis loin d'être à la hauteur... Et comme il s'agissait de vidéos sérieuses, justement, j'ai bien compris qu'il s'agissait d'un art qui exige du professionalisme ou, à défaut, d'être au moins un amateur très éclairé... Bref, déformer des lettres pour le titre de mon ouvrage, pourquoi pas (j'aime bien le dessin et la calligraphie), mais réaliser une police d'écriture complète et sans problème de crénage, c'est une autre paire de manche !
Pour moi (et uniquement pour moi, hein), le plus important dans une belle police est la gestion des ligatures. J'ADORE les ligatures. C'est juste beau. Et en plus, à mon sens, c'est le discriminant ultime qui sépare le produit léché du produit bâclé (avec la correction orthographique).
Les jeux de rôle qui respectent les ligatures se comptent sur les doigts d'une seule main. Tristesse.
- Sammy
Merci beaucoup d'avoir pris le temps de détailler ces précieux conseils
J'y ajoute ceux d'Alias (auteur de Tigres volants, entre autres) sur son site, dans la partie "L'atelier de création". Ils m'ont beaucoup aidé pour rendre mes bricolages amateurs supportables aux regards.
Et comme on est en train de partir dans un HS velu, histoire de revenir à la question de Method : a priori, oui, il existe des maquettistes pro qui peuvent faire ce travail. Gratuitement, c'est une autre affaire. Parce que 30 pages à maquetter, ce n'est quand même pas rien (même si ce n'est pas 500 pages). J'imagine que ça dépend de la qualité finale que tu recherches.
Petit HS où en est-on de la réforme de l'orthographe?
Le e dans l'o est-il en péril ?
- Fabien4927
Salut !
Tu peux me contacter par mail pour qu'on voie ce que je peux faire pour toi (si le scénar est naze et bourré de fautes, je ne te promets rien, hein ).
Tu peux voir mes 3 derniers scénarios med-fan que j'ai écrit et maquetté ici, pour avoir une idée de ce que je peux faire dans un style classique.
Même pas ! Jay parlait des ligatures et je me demande sincèrement où ça en est ??!
- Fabien4927
Petit HS où en est-on de la réforme de l'orthographe?
Le e dans l'o est-il en péril ?
Sammy
La dernière loi incorrectement nommée "réforme de l'orthographe" en date remonte à 2016 et il ne s'agissait en réalité que d'une initiative du gouvernement pour généraliser l'application des rectifications orthographiques proposées en 1990 (lien vers Wikipédia). Tu peux consulter le site de l'Académie française pour voir leurs déclarations sur le sujet en 2016. Tu vas avoir quelques surprises. Par exemple, ils étaient contre, parce que l'usage (= nous) n'avait pas corroboré ces propositions. En effet, l'Académie française, bien que disposant d'une autorité dans le domaine de la "bonne" manière de s'exprimer, n'a pas pour vocation d'imposer unilatéralement des modifications orthographique aux populations francophones, qui seules définissent l'usage en adoptant, ou non, tel ou tel changement, au fil des générations.
Tu seras rassuré d'apprendre qu'aucune de ces rectifications ne menaçait l'e dans l'o. Ce dernier n'est menacé que par... les fautes d'orthographe et de typographie.
- Sammy