[5E] Odyssey of the Dragonlords 363
Forums > Communauté > Les financements participatifs
Oui, c'est ce que j'avais oublié de dire : le bouquin assume totalement le fait qu'il peut y avoir un TPK et que les PJ ont le droit à des resurrection "gratis" s'ils suivent bien leur voie épique. Une fois de plus, je trouve que c'est raccord avec l'ambiance (nombreux sont les héros grecs qui ont fait des aller-retours dans les enfers).
J'ai fini de traduire la race des nymphes. Celles-ci ont 5 variantes, dont 4 pour lesquellles les équivalences avec la mythologie grecque et la langue française sont claires : dryades, naïades, néréides et oréades.
En revanche, il y a une 5e variante raciale, celle des Aurae (en VO) qui sont les nymphes liées aux souffles du vent et aux constellations. Il y n'y a pas de référence à celles-ci dans le Belfiore et le Grimal, les deux références pour ce qui concerne les figures de la mythologie grecque et leur transposition chez nos amis les Romains.
Wikipédia mentionne les Ouranies ou Uranies , avec comme référence : Édouard Brasey, La Petite Encyclopédie du merveilleux, Pré-au-Clerc, Paris, 2007
N'étant pas vraiment certain des textes de référence dans lesquels Brasey puise pour chercher ce nom là, j'ai préféré gardé Aurae pour le moment plutôt qu'Ouranies (on voit très bien que le nom vient d'Ouranos, le compagnon de Gaïa, qui incarne le ciel à la matière de Nout chez les Egyptiens).
Si un spécialiste comme Tybalt passait par là, je ne serai pas contre des précisions sur le terme à utiliser ou sur l'indication de la référence textuelle utilisée par Brasey lorsqu'il fait mention des Ouranies (si tant est qu'il l'indique dans son ouvrage).
Je n'ai pas trouvé le terme Aurae sur le net, et il me semble qu'il s'agit d'une invention des auteurs, contrairement aux quatre premières variantes raciales de nymphes, attestées par les textes antiques ou les fabulistes du moyen-âge comme Hygin.
Nico du deme de Naxos
Il n'y a pas moyen de faire des mentions (@truc) sur ce forum ? Désolé, du coup je vois ça avec retard. Coup de bol, d'habitude je ne suis pas le détail des sorties pour D&D.
Au sujet d'Aura, c'est au départ un nom commun qui veut dire "la brise". On le croise dès les épopées homériques et régulièrement ensuite, mais c'est difficile de savoir où exactement on peut dire que "les brises" sont personnifiées ou pas. Le dictionnaire Bailly présente au moins deux occurrences où les Brises semblent personnifiées dans des épopées (Quintus de Smyrne, Suite d'Homère, I, 684 ; les Argonautiques orphiques, 342). Dans l'iconographie, on a au moins deux représentations d'un personnage féminin appelé Aura identifié par son nom, la plus ancienne étant un vase grec du Ve siècle avant J.-C. Plusieurs siècles après, à l'époque romaine, Ovide, un poète latin, donc, évoque en détail une nymphe appelée Aura, mais c'est difficile de savoir dans quelle mesure il invente ou bien s'inspire de poètes grecs plus anciens (sûrement les deux !). L'histoire la plus développée sur cette Aura apparaît encore après, chez Nonnos de Panopolis, vers la fin de l'Antiquité.
Bref, les auteurs d'Odyssey of the Dragonlords n'ont pas inventé cette catégorie de nymphes à partir de rien : ils se sont inspirés au minimum du mot grec signifiant "brise", et plus probablement de dictionnaires de mythologie qui s'efforcent souvent de classifier les nymphes... en brodant souvent pas mal par rapport aux sources, souvent incertaines, dont on dispose sur ce type de sujet.
Tout ça est bien joli, mais comment traduire "Aura" ? Cinq solutions possibles :
1) Traduire par le mot français équivalent : "les Brises". C'est le plus transparent, mais vu que la version anglaise a délibérément gardé un mot grec, ça ne serait pas dans la logique de la VO.
2) Garder le mot de la VO tel quel, à savoir "Aura", pluriel "Aurae". Mais méfiance ! En anglais, beaucoup de noms liés à l'Antiquité, surtout les noms propres, ont gardé l'empreinte de leur version latine, même les noms liés à la Grèce. Par exemple, "Patrocle" est en anglais "Patroclus", c'est le mot latin qui est resté alors que le nom grec était "Patroclos". Quand on traduit en français, il faut, comme tu le fais très bien, s'informer sur la traduction habituelle du nom grec. Cela évite de se retrouver dans la VF avec des terminaisons latines venues de l'anglais pour parler de Grecs (avouez que ce serait confusionnant).
3) Trouver la traduction habituelle en français. Pas évident car on a ici affaire à des divinités très spécialisées, peu présentes dans les mythes et rarement évoquées. Chez les hellénistes, la règle habituelle est : on garde les formes francisés pour les noms couramment utilisés (exemple : on continue à dire "Ulysse" et pas "Odysseus" qui est la forme grecque d'origine - il s'agit bien de son nom en grec ancien, avec une terminaison en -eus, comme dans "Zeus", et pas un "-us" latin), et, pour les noms de gens/lieux/etc. moins connus, on garde le mot grec d'origine. Ici, cela signifie qu'il faudrait garder "Aura" au singulier et utiliser le pluriel grec qui est "Auraï" (avec "ai" prononcés "aille", d'où le trémas sur le ï).
4) Inventer un mot en francisant vaguement : garder "Aura" mais en utilisant le pluriel français "Auras" avec un bon vieux s des familles. Je pencherais pour cette solution. Même si "les Auras" ne sont pas ce qu'on entend de nos jours par "une aura" en français, la majuscule aide à se rendre compte qu'on ne parle pas des auras au sens habituel, et ça a l'avantage de garder un maximum les sonorités du grec, sans tomber dans des terminaisons perturbantes pour le pluriel. Bref, je pencherais pour cette solution.
5) Inventer un mot en francisant à fond : modifier la terminaison pour faire "les Aures". Ce qui a l'avantage de réactiver le mot d'ancien français "les aures" qu'avait trouvé Jay. Mais ce n'est peut-être pas approprié à l'esthétique de l'univers, et il faut faire attention à ce que ça ne favorise pas une confusion avec les Oréades.
Voilà, je ne sais pas si ça t'aide, mais c'était amusant de faire la recherche !
- Nico du deme de Naxos
Merci beaucoup pour toutes ces explications Tybalt !
Moi, je préfère ta solution avec un pluriel Auraï, qui sonne beaucoup plus grec qu'Auras.
Si je me souviens bien, le aï est aussi la terminaison de certains verbes dans leur forme infinitive (phainomaï par ex.) ; enfin bref, aï, c'est une sonorité qui me remémore mes 5 années de pratique du grec ancien.
Je vais donc garder cette solution.
Je rencontre une autre problématique de traduction.
Lorsque le Seigneur-Dragon se lie à son dragon, il prête un serment. Il devient "l'oathsworn" du dragon.
Je me suis creusé la tête pour trouver un terme avec un peu de relief pour traduire ce terme (la phrase en anglais : The speaker of the oath becomes the dragon's “oathsworn.”)
Litttéralement, c'est celui qui a juré le serment, qui a prêté serment. En quelque sorte, il est assermenté. Mais je trouve que ça ne sonne pas bien.
Je lui ai donc préféré "frère-juré" / "soeur-jurée" qui traduit mieux ce statut très particulier de celui qui est lié pour la vie à son dragon (enfin, un dragonnet qui vient juste de sortir de l'oeuf quand le serment est prêté).
C'est de la surtraduction, car le texte n'évoque pas - ou alors implicitement - cette notion de fraternité/sororité. Mais je n'ai pas trouvé mieux.
Merci de vos avis/propositions
Un mot qui serait étymologiquement proche, ce serait "affidé", qui signifie littéralement "quelqu'un à qui on peut se fier". Mais d'une part c'est un mot déjà existant alors qu'oathsworn est un néologisme, d'autre part "affidé" est affligé d'une connotation péjorative depuis au moins 150 ans... Bref, je trouve que tu t'en sors très bien avec "frère-juré/soeur-jurée" : ça reste des néologismes, sans tomber dans le mot composé trop lourd, et à vue de nez ça rend bien l'esprit du truc.
- Nico du deme de Naxos
Un affidé, c'est quelqu'un que je perçois comme un sbire, un homme de main d'un puissant qui s'apprête à faire un mauvais coup, plus que comme quelqu'un à qui on peut faire confiance.
C'est pour ça qu'étudier l'évolution du sens des mots est passionnant.
A première vue, c'est un mot qui vient du latin et de la racine fid/fides (foi, fidélité), mais j'ai vu qu'il y avait également un mot grec proche que je ne connaissais pas, sphide, qui est d'ailleurs peut-être un mot repris par les Romains ? (comme pas mal d'autres choses).
Voilà, jai terminé de traduire les chapitres 2 à 7 et je m'attaque à l'avant-dernière partie du chapitre 1 qui concerne les lois de Thylée (là ou s'est provisoirement arrêté Judge Ju).
A ce propos, l'une des lois fondamentales de Thylée est le/la "Guest Friendship".
La traduction de cette locution me pose souci.
Ici, guest est clairement l'invité. Le terme host désigne l'hôte. Et le terme hospitality, l'hospitalité.
J'ai traduit provisoirement par Amicalité de l'hôte pour tenter de garder le friendship, mais je me positionne du côté de l'hôte, pas de l'invité.
D'autres solutions me viennent ccomme "Accueil hospitalier" "Accueil amical" "Réception hospitalière" mais aucune ne me convainc.
Si quelqu'un est plus inspiré, je suis preneur.
- Aigriman
Le gage d'hospitalité, ça marcherait pas?
Et pour Oathsworn, "jurelié", "pactelié" ou si on laisse tomber le néologisme tout simplement "lié par serment".
Effectivement, "affidé" est devenu trop généralement péjoratif pour pouvoir s'utiliser ici. Pour le mot σφίδη, attention à ne pas mal lire l'article du Wiktionnaire : c'est un mot grec qui a donné la deuxième acception du nom commun "fides" : "lyre, luth, instrument à cordes". Ce qui ne résout pas le problème que j'ai avec ce mot σφίδη : je ne le connaissais pas et je n'en trouve pas trace dans le grand dictionnaire grec-français Bailly...
Pour "Guest friendship", j'aurais tendance à mettre en avant la seconde partie du mot composé, qui est en général le mot principal en anglais : "L'amitié envers les hôtes" ou quelque chose comme ça. Sur le fond, j'ai l'impression que ça se rapproche très fortement de l'usage antique de l'hospitalité, dont cette loi s'inspire visiblement. ("Accueil hospitalier" ou "Réception hospitalière" ont le désavantage de faire plus penser à un hôpital qu'à l'hospitalité, en tout cas à mes yeux. "Accueil amical" me paraît mieux.)
- Nico du deme de Naxos
Merci pour tes éclairages Tybalt.
Alors, la loi en vigueur en Thylée veut que l'hôte reçoive ses invités avec générosité et courtoisie.
Le plus proche est donc "L'amitié envers les invités" ou envers les hôtes puisqu'en français l'hôte est celui qui reçoit ou qui est accueilli, mais visiblement la VO prend le soin de distinguer guest et host pour gommer cette ambiguité. Je pencherai donc pour garder le mot invités dans l'expression (ce que je n'avais pas fait)
Provisoirement, je vais donc mettre "L'amitié envers les invités"
Je ne suis pas certain que guest frienship soit aussi spécifiquement thyléen que cela, regarde : https://en.wikipedia.org/wiki/Xenia_(Greek)
- Nico du deme de Naxos
Je viens d'intégrer les parties du chapitre 1 traduites par Judge Ju que j'ai complétées des encarts et de la traduction des parties Voyager en Thylée et Les Lois de Thylée.
Il ne me reste plus que l'ultime bout sur les Mythes de Thylée à traduire et le Guide du Joueur sera entièrement traduit.
Il méritera une bonne repasse pour harmoniser la traduction, gommer les lourdeurs et éventuellement nettoyer les quelques contresens qui auraient pu se glisser à droite à gauche.Mais on est déjà pas trop mal !
Thylée, nous voici !