Peut-on détacher l'½uvre de son auteur ? 37
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[citation supprimée]Peut-être parce que ces raclures ne sont pas moins humains que les saints, ils le sont peut-être même davantage, et que rien de ce qui est humain ne nous est étranger, comme dit l'autre, rien de ce qui est humain n'est donc étranger aux sujets de la littérature, et de l'art en général. Les ténèbres font partie de notre nature, et refuser de les voir ne les fera pas disparaître, bien au contraire.
- Utilisateur anonyme
[citation supprimée]Une personne a bien le droit d'aimer la littérature de Céline. Elle ne perd donc pas son temps en le lisant.
Si j'osais, je te demanderais : en jeu de rôle, as-tu déjà joué des salauds ?
- Utilisateur anonyme
Heureusement, ce n'est qu'une théorie, que je ne comprends pas vraiment tant je la trouve détachée de la réalité. Ce qui est moins une théorie en revanche, c'est que si on avait deux auteurs de littérature française à retenir du XXe siècle (ce qui est très stupide comme exercice de pensée, puisque fort heureusement on n'a pas à le faire), ce seraient sans grande hésitation Proust et Céline. Ce ne sont pas du tout mes auteurs préférés, j'ai même du mal à les lire, leurs romans ne me passionnent pas, mais ce n'est pas moi qui décide et je ne peux pas nier leur qualité littéraire et surtout leur apport esthétique.
Ta théorie/question suppose que tu m'as peut-être mal compris. J'écris qu'une même oeuvre a autant de valeur qu'elle soit écrite par une personne à laquelle on ne reproche rien ou par une râclure. La question du tri des oeuvres selon des principes moraux ou autres qui leur sont extérieurs n'a pas lieu d'être et à moi, une telle idée me fait terriblement peur.
Réponse au message suivant
Enfin, je parle bien des oeuvres, je ne compare pas les auteurs en tant que personnes. Cela n'a aucun intérêt littéraire. Comparer Céline et Hermann Kasack n'a aucune importance pour ce qui est de la qualité respective de leur oeuvre, de même qu'un auteur qui écrit "pour l'art" ou par amour des mots ne livrera pas forcément une meilleure oeuvre qu'un auteur qui écrit pour l'argent. Je lis donc Céline comme Kasack de manière égale tant que je considère que leur oeuvre respective est intéressante.
[citation supprimée]Parce que c'est intéressant à jouer. Le Mal (si l'on me permet ce mot) est non seulement un ressort dramatique passionnant, mais en plus un sujet d'interrogation sans fin. Précisément parce que cela ne nous intéresse pas d'être des salauds. J'ose une hypothèse : personne ne veut être un salaud, personne ne veut faire le Mal. Pourtant les actions mauvaises existent. Cette équation-là, je la trouve passionnante, d'autant plus qu'elle me semble parler de quelque chose de très profondément humain, une chose que peu d'autres équations (sauf peut-être l'amour absolu) sont capables d'interroger.
La question du tri des oeuvres selon des principes moraux ou autres qui leur sont extérieurs n'a pas lieu d'être et à moi, une telle idée me fait terriblement peur.
Ismaren
Complètement.
Notons que trier les oeuvres selon des principes moraux qui leur sont extérieurs peut être jugé en soi immoral.
Précisément, ce serait prendre le risque de laisser de côté des oeuvres "renversantes". Celles du divin marquis, par exemple. 
- Utilisateur anonyme
[citation supprimée]C'est ton droit et ton choix. Moi au contraire, je pense que ce sont des oeuvres à lire pas forcément en priorité mais du moins au même titre que les autres et sans discrimination (elles n'ont pas à être victimes de leur auteur), car ce sont des oeuvres problématiques, et là où il y a une telle problématique, je trouve souvent une plus grande richesse intellectuelle, un plus grand apport réflexif pour ma malingre petite tête.
Allons au bout de la démarche. Question bonus: on fait quoi de l'éditeur qui a publié Céline (au moins le premier); parce que quand même, un éditeur, ça cherche des ronds, peut-on de ce fait fermer les yeux sur cette vile démarche mercantile? Ça peut aller très loin. Moi perso, je differencie l'œuvre de l'auteur. Par contre, bien souvent, il y a un rapport tellement intime entre l'auteur et l'œuvre que sa nature transparaît et qu'il est rare de pouvoir aimer l'un sans l'autre.
Proust pense qu'on peut détacher l'homme de l'auteur est à même écrit un livre dessus Contre Sainte-Beuve. Sainte-Beuve est autrement plus sympathique ^^
C'est un vieux débat. Pas éternel, sous l'ancien régime l'auteur était responsable de l'oeuvre et embastillé ou torturé par l'inquisition si elle déplaisait aux puissants (ou molesté par un soudard commme Cyrano, pratique semble t'il courante). Sade ou Voltaire sont rarement détachés de leur oeuvre, la notion est plus morderne.
Après, je lis Céline, Michima ou Damasio bien que la misantropie du premier, le virilisme du second et le sexisme du troisième transpire dans leur livre.
Après il y a des tones d'écrivain géniaux qui étaient des personnes sympathiques: Diderot, Vallés, Tolstoi, Camus,... même Leiber si on veut lire de la fantasy
