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Et sinon à part des JDR, tu lis quoi? 984

Forums > Gnomes & liches

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Au point que je lis les mots que vous employez dans les messages de cette page sans saisir le sens que vous leur attribuez, alors que je pensais les connaître : limite, continuité, dérivée, quantificateur... J'ai dû m'arrêter aux fonctions, que je revois en ce moment avec mes fillesmort de rire

Senrad

Puis-je m'adresser plus simplement à l'helléniste ? Eh bien, si Zénon d'Elée ne comprenait pas comment Achille pouvait rejoindre la tortue (question qui est toujours mathématiquement et philosophiquement très troublante, même avec des considérations de limite), le livre nous explique que si, Achille rejoindra la tortue (j'insiste : il ne fait pas que tendre vers le moment où il rejoindra la tortue, il la rejoint vraiment). Le livre donne d'ailleurs ce fameux paradoxe en exemple d'application. La boucle est bouclée. Quelque part, en mathématiques, on en revient toujours aux Grecs.

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  • Fytzounet
  • et
  • Senrad
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NooB294044

Perso, j’ai eu la version La Fontaine du paradoxe avec un lièvre à la place d’Achille lors de mes études.

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NooB294044

Salauds de stoïciens : toujours à nous créer des embarras avec leurs paradoxes. Mais au moins, ils ont de l'humour... Et ton livre m'intéresse, du coup! Promis, j'irai voir (quand j'aurai fini Le cycle des épées et Terremer...).

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[sort du placard précautionneusement ...] "c'est bon ... vous parlez à nouveau un langage normal ?" mort de rire
@Jay : ne m'en veux pas mais je n'ai strictement rien pompé à ce que tu as expliqué sur le bouquin de math ... sinon oui j'ai entendu parlé de choses comme fonctions, dérivés et intégrales ... je sais que ce sont des maths ... mais alors comment on calcule ... je n'en ai plus aucun souvenir ... bon ça date de 1990 aussi hein ?moqueur

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Salauds de stoïciens : toujours à nous créer des embarras avec leurs paradoxes. Mais au moins, ils ont de l'humour... Et ton livre m'intéresse, du coup! Promis, j'irai voir (quand j'aurai fini Le cycle des épées et Terremer...).

Senrad

Si tu es étanche à toute tentation arithmétique (le mot arithmétique vient du mot arithmos de Diophante pour désigner une valeur inconnue clin d'oeil , par son livre intitulé "Arithmétiques") alors je ne te conseille pas d'aller voir ce livre, il demande quand même quelque bagage (en gros, terminale scientifique voire L1 pour certains chapitres).

PS. Je pense que je vais aller acheter demain le cycle des Epées dans la librairie du coin, et probablement un coffret cthulien de Gou Tanabe. Je vous en dirai des nouvelles. content

PPS. Je pense, sauf erreur de ma part, que tu as confondu Zénon d'Elée (présocratique) et Zénon de Kition (stoïcien).

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  • Senrad
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NooB294044

Malédiction (ou plus prosaïquement merdum, comme disent nos amis les Romains, qui auraient bien été capables de confondre les deux ; bon, sauf Cicéron, qui connaît ses stoïciens sur le bout des doigts, mais c'est une autre histoire) tu as raison! Mais les Présocratiques, c'est pire que les Stoïciens : c'est illisible (je pense à Héraclite en particulier)...

En revanche, Gou Tanabe, j'applaudis! C'est beau (comme l'antique, tiens!) et oppressant. En particulier Les montagnes hallucinées et La couleur tombée du ciel, je trouve.

Un seul reproche, à titre personnel : je trouve que les visages se ressemblent trop : les traits ne sont pas assez marqués, donc les visages peu distincts, et les physionomies individuelles égales à elles-mêmes (chaque personnage garde toujours la même expression). Je ne suis pas assez connaisseur, mais depuis le temps, j'ai l'impression que c'est une marque de fabrique (pour ne pas dire une constante esthétique) des mangas ; on retrouve la même caractéristique dans les dessins animés de Myazaki : je trouve toujours les décors somptueux, foisonnants ; les animaux et les monstres remarquables d'originalité ; mais les humains très semblables entre eux, le visage figé.

C'est du reste un peu similaire dans le dessin académique américain (qui se veut pourtant plus réaliste dans la représentation des corps en mouvement), même chez Alex Raymond, qui est un peu l'inventeur de ce style (avec Flash Gordon, X9 et Rip Kirby).

Bonne lecture.

De mon côté, j'ai fini Promethea (c'était un Noël Alan Moore), sophistiqué et énigmatique en diable (j'allais dire hermétique) et le dernier volume de l'intégrale de Félix, de Tillieux (j'adore Tillieux, qui me fait toujours autant rire).

Bonne lecture.

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Vu que je suis quelqu'un de pas marrant j'ai repris la lecture d'un livre pas beaucoup plus fun que moi. Pas fun mais édifiant.

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  • jayjay37
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Utilisateur anonyme

Le tome 2 du Métro 2033 de Bordage, Rive droite, sortira en mars, et il y a également celui-là de dispo :

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  • Utilisateur anonyme
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jayjay37
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  • jayjay37
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Utilisateur anonyme

En tout cas en français, c'est tout ce qu'on a pour le moment. Peut-être que la sortie du JDR incitera certains éditeurs à en traduire d'autres.

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  • Utilisateur anonyme
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jayjay37
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René Guénon, La crise du monde moderne, 1946.

Levons d'emblée un doute : si une certaine extrême-droite française aime à voir chez René Guénon un maître à penser, et si certains opposants à cette même extrême-droite aiment à le voir comme une incarnation de l'ennemi, il suffit de savoir que ce monsieur était franc-maçon, avait une passion immodérée pour les religions et spiritualités orientales, s'était converti avec grande conviction au Soufisme (Islam), qu'il fut très proche du Sheikh du Caire, Mohammad Ibrahim, qu'il se maria avec la fille de ce dernier, qu'il consacra une bonne partie de sa vie à prier, qu'il rejetait avec écoeurement les fascismes, qu'il éprouvait une tristesse certaine pour le monde occidental tel qu'il devint à partir de Descartes (d'après lui) et qu'il fut une source d'inspiration intarissable pour des intellectuels tels que Simone Weil, et l'on comprend qu'imaginer un lien entre René Guénon et toute forme de pensée d'extrême-droite française relève au mieux d'une méconnaissance complète du personnage et de son propos, au pire de la mauvaise foi caractérisée au service d'une manipulation politique et intellectuelle. Tierce option : la personne qui affirme un tel lien est simplement fort basse-du-casque, possibilité qu'il convient de ne jamais négliger.

Mais alors, pourquoi un tel malentendu ? parce que René Guénon est un sage, au sens médiéval ou antique du terme, il oppose la recherche de la Vérité (la capitale est à dessein) propre, d'après lui, à l'intellectualité des sociétés qu'il appelle traditionnelles (non au sens du traditionnalisme politique (qu'il méprise), au sens de la pensée religieuse pré-cartésienne) au rationnalisme ignorant (c'est son mot) de la société occidentale moderne et matérialiste (n'oublions pas que le livre est sorti en 1946). Il est comme un al-Ghazali qui observerait avec horreur l'explication expérimentale, mathématique et capitalistique du monde qui l'entoure, qui observerait avec horreur un monde qui se pense comme une mécanique froide qui aurait perdu tout goût pour la recherche du Sens. Il est absolument anachronique. Par exemple, quand pour comprendre le monde nous invoquons les faits historiques, il invoque les cycles de la religion hindouiste, avec une érudition écrasante, il oppose à notre matérialité rationnelle les Vérités supérieures du monde de l'invisible. En cela, il est fascinant, car il donne un regard autre sur notre monde, un regard distancié et extérieur. La question n'est tant pas de savoir s'il a raison ou tort, la réponse est de façon incognoscible, mais de lire une observation critique et qui nous sort de nos constructions. Une altérité de pensée sincère, érudite, et réfléchie.

***

Edward Bernays, Propaganda, 1928.

Doublement neveu de Freud (son père est Ely Bernays, frère de Martha Bernays, épouse de Sigmund Freud, sa mère est Anna Freud, soeur de Sigmund Freud), Edward Bernays est le principal inventeur de la propagande politique moderne, de la communication politique et de la publicité moderne. Autant dire qu'il sait de quoi il parle. Et le personnage est parfaitement cynique (pour ne pas dire odieux). Ce livre est son... manifeste. C'est lumineux, dérangeant, cela nous donne à ouvrir bien grand les yeux sur ce que nous appelons actuellement "la liberté de penser" et "le goût personnel".

Extrait de la préface par Normand Baillargeon.

Le succès le plus retentissant de Bernays sera d'avoir amené les femmes américaines à fumer. Cet épisode, si éclairant sur sa manière de penser et de travailler, mérite d'être raconté en détail.

Nous sommes toujours en 1929 et, cette année-là, George Washington Hill (1884-1946), président de l'American Tobacco Co., décide de s'attaquer au tabou qui interdit à une femme de fumer en public, un tabou qui, théoriquement, faisait perdre à sa compagnie la moitié de ses profits. Hill embauche Bernays, qui, de son côté, consulte aussitôt le psychanalyste Abraham Arden Brill (1874-1948), une des premières personnes à exercer cette profession aux Etats-Unis. Brill explique à Bernays que la cigarette est un symbole phallique représentant le pouvoir sexuel du mâle : s'il était possible de lier la cigarette à une forme de contestation de ce pouvoir, assure Brill, alors les femmes, en possession de leur propre penis, fumeraient.

La ville de New-York tient chaque année, à Pâques, une célèbre et très courue parade. Lors de celle de 1929, un groupe de jeunes femmes avaient caché des cigarettes sous leurs vêtements et, à un signal donné, elles les sortirent et les allumèrent devant des journalistes et des photographes qui avaient été prévenus que des suffragettes allaient faire un coup d'éclat. Dans les jours qui suivirent, l'événement était dans tous les journaux et sur toutes les lèvres. Les jeunes femmes expliquèrent que ce qu'elles allumaient ainsi, c'était des "flambeaux de la liberté" (torches of freedom). On devine sans mal qui avait donné le signal de cette allumage collectif de cigarettes et qui avait inventé ce slogan ; comme on devine aussi qu'il s'était agi à chaque fois de la même personne et que c'est encore elle qui avait alerté les médias.

Le symbolisme ainsi créé rendait hautement probable que toute personne adhérant à la cause des suffragettes serait également, dans la controverse qui ne manquerait pas de s'ensuivre sur la question du droit des femmes de fumer en public, du côté de ceux et de celles qui le défendaient -- cette position étant justement celle que les cigarettiers souhaitaient voir se répandre. Fumer étant devenu socialement acceptable pour les femmes, les ventes de cigarettes à cette nouvelle clientèle allaient exploser.

Permettez-moi de partager avec vous un mien sentiment : je déteste les conspirationnistes. Parce qu'ils ont réussi l'incroyable tour de force de nous faire croire, par opposition à leurs idées crétines, que les complots n'ont jamais existé, n'existent pas et n'existeront jamais. Inutile de dire que la lecture du principal livre de l'un des plus grands comploteurs du XXe siècle est des plus saines, même si, souvent, elle fait mal.

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  • Lyle
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NooB294044

Je ne parlerai pas du premier livre que tu nous fait partager car, pour des tas de raisons, je suis totalement hermétique a la spiritualité et je vis très bien et me sens très a l'aise dans un monde fait de chiffres, de modèles et de variables. Je ne suis donc pas la cible de ce genre d'ouvrage (attention ceci est une approximation très grossière de ma position réelle mais elle permet de se faire une idée d'ensemble correcte).

Concernant Propaganda, par contre, je me sens tout de suite bien plus attiré et cette phrase

Inutile de dire que la lecture du principal livre de l'un des plus grands comploteurs du XXe siècle est des plus saines, même si, souvent, elle fait mal.

Est pour moi une mise en perspective fondamentale, en effet l'on se contente trop souvent de ne se confronter qu'aux choses avec lesquelles nous sommes d'accord ou qui vont dans notre sens ce qui, de mon point de vue, nous font passer a côté de tout un aspect de la réalité qui nous entoure et qui fait que nous portons des regards biaisés (encore plus qu'ils ne le seraient naturellement) sur celle ci. Rendant donc les sus-dits avis caduc.

Tout ceci pour dire que ce sentiment "dur mais salutaire" est celui qui fut le mien après la lecture du livre que je cite plus haut (Une histoire populaire des états unis), un livre qui "fait mal" mais que l'on repose avec la sensation que l'on perçois le monde un peu plus clairement.

Donc, Propaganda est un livre que je vais mettre dans ma liste de lecture. Merci.

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  • NooB294044
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[citation supprimée]

Merci du conseil de lecture, Edwin content Je l'ai trouvé dans la bibliothèque municipale et ce fût un régal content

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  • Utilisateur anonyme
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Ok c'est pour le boulot mais je suis pas prêt de reposter un truc avec le cycle des épées moqueur

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Obiwanjenesaisqui
[message supprimé]
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Lyle

Avec plaisir. Et merci pour ce retour. Je suis aussi très intéressé, en ce moment, par des lectures qui "fissurent" mes représentations, et c'est la lecture de Noam Chomsky qui m'a amené à m'intéresser à Propaganda, il s'y réfère souvent.

La lecture d'Or Noir, dont je parle quelques pages avant, m'a souvent aussi été fort dérangeante, car le livre lève le voile sur la réalité d'influences majeures et d'intérêts qui orientent une bonne partie du cours du monde.

Inspiré par cette même démarche, je suis intéressé par

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  • alanthyr
  • et
  • Lyle
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NooB294044

et tu fais bien clin d'oeil

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  • NooB294044
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alanthyr

Bon, ben prochaine lecture alors... enfin, après avoir lu ce qui m'attend déjà. mort de rire

(De toute façon, je suis toujours sur plusieurs livres en même temps, je papillonne entre eux).