Et sinon à part des JDR, tu lis quoi? 984
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Eh bien, c'est ta vision de la scène. Il faudrait déjà avoir de la pitié pour Milady, ce qui n'a jamais été mon cas. On ressent bien par contre les divers sentiments des mousquetaires et qu'ils sont très humains et pas des héros sans failles. Ce n'est pas une justice froide et policée. Je repensais à la pauvre Constance et aux divers morts que Milady a causées et je me suis toujours dit que sa mort était bien méritée. Cela ne m'a fait plus qu'aimer les mousquetaires.
Dans ce cas, si tu n'as jamais lu, je te conseille les Pardaillan, de Zevaco.
Relire l'intégrale du coruscant cycle de Terremer aura été l'un de mes grands bonheurs de lecteur confiné. Ainsi, le roman Les Tombeaux d'Atuan est d'une beauté à couper le souffle, et n'est pas sans rappeler La Sibylle de Lagerkvist.
Mon esprit ne fonctionne pas sur un canevas guerrier. Mon imagination se refuse à réduire tout ce qui compose une histoire et la rend excitante -- le danger, le risque, les défis, le courage -- à un champ de bataille. Un héros dont l'héroïsme consiste à tuer des gens ne m'intéresse pas, et j'exècre les orgies guerrières, hormonales, qui infestent nos médias, le massacre méthodique d'interminables bataillons de démons en haillons noirs, aux dents jaunes et aux yeux injectés de sang.
La guerre comme métaphore morale est limitée, restrictive et dangereuse. En réduisant le choix de l'action à une "guerre contre", on divise le monde en Moi ou Nous -- le Bien -- et Eux ou Ca -- le Mal --, on atrophie la complexité éthique et la richesse morale de nos vies, en une dualité oui/non, avec/sans. C'est puéril, mensonger, et dégradant. Dans le cadre d'une histoire, cela disqualifie toute solution qui ne serait pas violente et procure au lecteur un réconfort infantile. Bien trop souvent, les protagonistes de ces fantaisies se comportent exactement comme leurs ennemis, agissent avec la même violence aveugle -- sauf que le héros est du "bon" côté, et finit en conséquence par triompher.
Ursula K. Le Guin, Postface au Sorcier de Terremer
Eh eh ! Encore un pour qui la bible a été écrite par Knuth.
- Laurendi
Retour au moyen-Age avec une enquète de frère Cadfael :
GalwayanIls sont comment les bouquins par rapport à la série tv ? Je connais la série depuis les années 90, mais je n'ai jamais eu l'occasion de lire les livres à son origine.
WolfRider4594
C'est sympa. Je ne connaissais les bouquins que de nom mais j'ai vu un épisode gratuit sur le net et ça donne envie de voir la suite. Attention, c'est en anglais et le vocabulaire est plutôt riche.
Ici.
Edit : erreur de citation. En fait, je réponds à ceux qui demandent comment est la série par rapport aux bouquins, pas l'inverse.
Plus je vieillis, moins je sais. Des arrière-plans conjecturels de la pensée qui n'étaient même pas identifiés se dissolvent lentement dans le lit du fleuve héraclitien, composé d'expériences de vie, dont de lecture.
Ainsi, ce que l'on nomme beauté...
Lire L'Art précolombien m'a plongé dans une stupéfaction du regard, il est de ces livres qui littéralement nous sortent de ce que nous pensons être nous-mêmes pour nous donner l'expérience de notre propre inconnaissance. Ces oeuvres sont absolument étrangères à mon lexique esthétique, par les distances qui me séparent des artistes, distances chronologiques, géographiques, culturelles ; de ce que je connaissais de cet art, de ce que j'en avais vu précédemment, je pensais y rencontrer la richesse de se confronter à l'altérité humaine la plus grande. L'air du temps étant de dire que la beauté n'est qu'affaire de conventions et de modèles, peut-être me suis-je plié sans le savoir à cette convention mentale-là. Mais non ! le livre a été un miracle, il m'a montré ce qu'aucun autre livre sur le sujet ne m'avait jamais donné à même supposer l'existence : j'ai été ému, ébloui, bouleversé, ces oeuvres ont pris mes tripes, mon coeur. Il y a dans cette étrangeté-là, absolument extérieure à ce que j'imaginais être la construction de ma sensibilité esthétique, une proximité de fait au moins aussi grande que les oeuvres dans la beauté desquelles je baigne (nous baignons) culturellement. Une poterie de Nazca du XIe siècle me plonge dans le Beau, me prend-à-elle aussi sûrement, aussi subtilement, aussi puissamment que mon Botticelli préféré. La surprise, inouïe, en plus.
Mais alors, qu'est-ce que le Beau ? J'ai cru que je savais, ou alors j'ai oublié que je n'ai jamais su, ou alors j'ai été endormi par le fait que beaucoup disent savoir. Mais non, définitivement, je n'ai pas le moindre savoir de ce que c'est, alors même qu'il m'arrive de le reconnaître quand il se présente à moi. Ce mystère-là, sublime, le livre de M. José Alcina nous fait le cadeau de nous le donner à en faire encore (mais encore n'est jamais assez) l'expérience.
Je n'ai pas eu encore le "courage" de plonger dans le tome 4, je reprends mon souffle, je... digère et puis j'ai d'autres choses à lire. Mais c'est prévu, bien sûr. Ainsi que l'achat du tome 5.
L'horreur est la manifestation du réel, son actualisation, la réalité à laquelle nous ne pouvons échapper.
Les illustrations sont belles, parfois à couper le souffle, le propos est d'une riche intelligence qui ne se complaît jamais dans la mièvrerie ni l'aveuglement.
Six cent vingt pages à déguster de toute urgence. A 15 euros, il serait dommage de s'en priver.
Bon ben, du temps est passé, les lectures ont défilé.
Simone de Beauvoir, Le Deuxième sexe, I et II.
Long et Sedley, Les Philosophes hellénistiques, I, II et III.
Etienne Coche de la Ferté, l'Art de Byzance.
Noam Chomsky, Le Profit avant l'homme.
Kurt Vonnegut, Abattoir 5.
Du Liu Cixin aussi (un peu déçu je fus, mais ce ne fut certes pas désagréable. J'ai eu en revanche la mauvaise idée de vouloir voir le film The Wandering Earth, bien mal m'en a pris).
Quelques titres de la Bibliotheca Universalis de chez Taschen aussi (toujours un bonheur).
Et là je me suis lancé dans The Expanse, de James S.A. Corey, et suis en train de finir le tome 2 avant de me jeter sur le tome 3, pour me rafraîchir l'esprit entre deux lectures plus professionnelles.
Moi je lis CARBONE MODIFIE et j'aime beaucoup parce que c'est du cyberpunk que je comprends. Et en plus, il y a de la violence et un peu de sexe, déjà c'est un bon point, et le concept du changement de corps est très bien exploité sans être prise de tête.
Je lis aussi la nouvelle traduction de NEUROMANCIEN et j'ai arrêté vers la fin, la partie dans l'espace pour moi c'est indigeste.
- NooB294044